Et maintenant que les Guy Nzouba Ndama, Paulette Missambo, Hugues Alexandre Barro Chambrier, Louis Gaston Mayila, Paul Biyoghe Mba, Angélique Ngoma, Zacharie Myboto, Jean Ping, Paul Marie Gondjout, Jean François Ntoutoume Emane, Jean Eyeghe Ndong, Daniel Ona Ondo et bien d’autres encore se retrouvent ensemble pour défendre une cause commune, cela ne rappelle-t-il pas des souvenirs pas très lointains ? Cela ne fait-il rejaillir dans la mémoire collective des Gabonais certaines époques, celles des années 70- 80-90 voire début 2000, lorsque le PDG était triomphant, hégémonique, dominateur et arrogant ?
C’est vrai que pour des jeunes Gabonais ayant aujourd’hui 35 ans et même plus, ces visages ne disent rien. Ils n’en ont aucune idée sur la scène politique nationale. Pour d’autres un peu plus âgés, ces vieux visages rappellent les époques de la « Rénovation » -parfois rénovée- du « libéralisme économique planifié et concerté » »- jadis cher à Jean François Ntoutoume Emane- du « Nouvel élan et son PDG nouveau », du « Pacte national de solidarité et de développement », de « mon Projet, des Actes pour le Gabon ».
Tous ces épisodes de la vie politique nationale, les personnalités susnommées les ont connus auprès d’Omar Bongo Ondimba. Et le verdict est tombé de sa propre bouche en novembre 2007 : »Dieu ne nous pas donné le Gabon pour en faire ce que nous sommes en train de faire. De là-haut, il nous observe et dit amusez-vous, un jour viendra, il va nous sanctionner… ».
Depuis ce cinglant verdict, et pour des raisons diverses, certaines de ces personnalités étaient allées se recycler dans l’opposition, le verbe haut, avec des coups de menton et des effets de manche. Elles en voulaient uniquement à Ali Bongo Ondimba, quand bien même il y en a parmi elles qui ont activement contribué à la dévolution monarchique de 2009, celle qui avait fait de ce dernier le successeur de son père au trône du palais de marbre du bord de mer de Libreville.
De cette opposition à une personne, et non à des valeurs ou à un système, elles piaffaient d’impatience de revenir aux affaires. Le coup d’Etat militaire du 30 août 2023 leur en a donné l’occasion. Dès les premières heures, elles ont toutes fait allégeance au CTRI.
Depuis lors, elles ne jurent que par le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Elles sont aux premières loges des organes de la transition et ont retrouvé leurs rentes d’antan, celles dont les ont privés, tour à tour, la « Légion étrangère » de Maixent Accrombessi, l’ « AJEV » de Brice Laccruche Alliangha et la « Young Team » de Noureddin Valentin Bongo Ondimba.
Les revoilà donc de retour au sérail, lequel n’a pas d’ailleurs beaucoup changé, en dépit de leur absence forcée er momentanée. Il leur devient par conséquent impossible de s’opposer à un projet constitutionnel hyper- personnalisé, qui consacre la suprématie du pouvoir exécutif sur les pouvoirs législatif et judiciaire, au mépris du sacro-principe de la séparation des pouvoirs. Elles ne peuvent non plus jeter un regard critique sur des dispositions constitutionnelles à même de diviser les Gabonais, même si certaines d’entre elles les visent particulièrement. Le retour autour de la mangeoire les en empêche. A-t-on jamais parlé la bouche pleine !
Du coup unis plus que jamais, comme par le passé, tous ces hommes et femmes de l’ordre ancien ont retrouvé leurs lettres de noblesse au sein de la cour royale du bord de mer de Libreville. Et le peuple qui avait naïvement cru à un « Gabon nouveau » découvre que la « restauration des institutions » était synonyme de restauration de cet ordre ancien.
Il en devient le dindon de la farce