Les partisans du « OUI », qui s’étaient lancés dans la campagne référendaire avant même d’avoir lu le contenu de la constitution proposée, avaient pour argument, qu’ils croyaient massue, le bilan du CTRI et de son chef, Brice Clotaire Oligui Nguema. Ils ont vite été ramenés à la raison, d’aucuns leur rappelant la nature du choix que les électeurs gabonais vont devoir faire le 16 novembre prochain, celui d’une loi fondamentale pour le pays, socle de toutes les institutions républicaines, dénominateur commun de tous les citoyens et ciment du vivre-ensemble, et non celui d’un futur président de la république. Pas tant que ce dernier n’est guère important, mais parce que de cette loi fondamentale, il en dépend.
Leçon mal assimilée, ils se sont alors embarqués dans des attaques personnelles en injuriant, en trainant dans la boue et en vouant aux gémonies tous ceux qui alertaient sur la toxicité de la nouvelle constitution. Là aussi, personne ne les a suivis sur cette voie qui s’éloignait du débat portant élaboration et adoption de ladite nouvelle constitution. Une voie sans issue au regard des enjeux réels de ce débat.
Débusqués à deux reprises, ils ont alors reculé et reviennent en brandissant deux petits arguments, qu’ils croient cette fois-ci solides : les élections à deux(2) tours de scrutin et la limitation du nombre de manats du président de la République, une disposition qu’ils veulent intangibles.
A propos des élections à deux tours de scrutin, une telle disposition n’est guère une nouveauté dans une constitution gabonaise. Elle existait déjà dans celle de 1991, et avait forcé Omar Bongo Ondimba à perpétrer un premier coup de force électoral en 1993, craignant un deuxième tour de scrutin face à son principal challenger de l’époque, Paul Mba Abessole. Fallait-il un coup d’Etat militaire pour la réinstaurer ?
Assurément pas, puis qu’en 2017, suite au Dialogue politique, inclusif et sans tabou d’Angondjé, cette disposition est revenue dans la constitution. C’est vrai que ceux-là qui avaient boycotté ce Dialogue, arguant qu’il s’agissait d’un « bal de vampires » auquel prenaient part de « hauts traitres de la République », ne pouvaient n’en rendre compte, occupés qu’ils étaient à faire de la « résistance » au bord de la piscine de Jean Ping, jurant la main sur le cœur qu’ils étaient déterminés à accompagner ce dernier jusqu’au bout. Un bout qu’ils viennent d’atteindre en s’alliant et en s’aplatissant devant ceux-là qu’ils disaient avoir le sang des Gabonais sur leurs mains. Elle y a été malheureusement retirée lors de la « Grande Concertation nationale » de février de 2023, avec la complicité de ces « patriotes » révolutionnaires qui s’étaient abstenus de prendre part à la grande rencontre susmentionnée ? Que ces derniers prétendent aujourd’hui que son retour dans la nouvelle constitution est l’une des raisons fondamentale pour laquelle ils appellent à voter « OUI », cela s’appelle la félonie.
Autre argument de secours : la limitation du nombre de mandats du Président de la République ; On la dit intangible. Quelle œuvre humaine est intangible et donc inviolable. La France, le pays de toutes les inspirations gabonaises en matière de politique n’a-t-elle pas connu des va- et- viens entre monarchie et république. Plusieurs pays africains n’ont-ils pas vu ce verrou constitutionnel au gré des appétits « pouvoiristes » de tel ou tel chef d’Etat au terme de son second mandat ? Actuellement les coups d’Etat militaire perpétrés au Mali, au Burkina-Faso et au Niger ne sont-ils pas survenus au moment même où des chefs d’Etat étaient sur le point de terminer leur deuxième mandat tout en n’ayant pas, et constitutionnellement, la possibilité de se représenter, cas d’Amani Toumani Touré, D’Ibrahim Boubacar Keita et de Roch Marc Kabore ?
Tout cela n’est donc qu’un écran de fumée destiné à masquer les incongruités et les tares d’une loi fondamentale qui reste de créer des problèmes au Gabon, plus qu’il n’en a eus.