PDG, UN, UNI et RPM : main dans la main et comme un seul homme

Finalement, c’est Ali Bongo qui, dès 2009 avait donné un coup de pied sec dans la fourmilière. Et ses occupants, jadis rassemblés par son prédécesseur de père à la tête de l’Etat gabonais, s’étaient dispersés, certains étant allés se recycler dans l’opposition. Les revoilà désormais ensemble grâce au CTRI.

 Les différents partis politiques qui se réclamaient il y a à peine un an de l’opposition n’étaient donc ainsi rien que des avatars du PDG. Normal, ne retrouvait –on pas, à leurs têtes, des personnalités ayant marqué l’histoire de l’ex-parti unique : Zacharie Myboto, Guy Nzouba Ndama, Louis Gaston Mayila, Paulette Missambo, Chambrier père et fils, Jean François Ntoutoume Emane. Leur opposition se résumait à la présence, qu’ils contestaient avec  effet de manches, coups de menton, déclarations incendiaires, d’Ali Bongo  à la tête de l’Etat. Certains étaient même prêts à prendre le maquis pour en découdre avec ce fils d’Ali Bongo Ondimba qui avait  eu l’outrecuidance de leur ôter des biberons de de la bouche. Retrouver ces biberons, voilà qui justifiait leur combat pour lequel ils se disaient prêts à tout.

N’eut été la prise du pouvoir par les militaires le 30 août 2023, certains d’entre eux seraient aujourd’hui armés de kalachnikov pour chasser Ali Bongo Ondimba du pouvoir. Et s’il y a eu « libération », le 30 août 2023 dernier, ce sont eux qui en ont bénéficié, en se libérant d’une opposition au sein de laquelle ils ne pouvaient plus tenir, eux qui avaient été habitués à des rentes et autres privilèges.

Le CTRI les a donc sortis de ce carcan.  Ils ne peuvent que lui en être reconnaissants. Voilà pourquoi ils s aplatissent, oublient les valeurs et les pratiques qu’ils prétendaient combattre pendant leur recyclage dans l’opposition.

 Prenons par exemple l’Union nationale de Paulette Missambo. Lors de leur Conseil national, celui qui vient de se tenir et à l’issue duquel ce parti politique, cher jadis au défunt André Mba Obame, n’y a-t-il de quoi  être sidéré en apprenant que  ses militants et sympathisants ont opté pour le « OUI » parce que la loi fondamentale qui va être adoptée le 16 novembre prochain « cadre avec les valeurs et principes fondamentaux et traditionnels portés par l’UN. Notamment l’élection du président de la République  à deux(2) tours, la limitation du nombre de mandats présidentiels, l’interdiction faite à la parentèle du chef de l’Etat sortant de se porter candidate à sa succession immédiate, la constitutionnalisation du rôle de la société civile, la transparence électorale, la forme républicaine de l’Etat etc. ».

 Expressément, le parti que dirige l’actuelle Présidente du Sénat de transition passe les pieds joints sur d’autres faits graves : le cumul par le Président de la République des rôles de chef d’exécutif et de gouvernement, les prérogatives reconnues à ce dernier de dissoudre l’assemblée nationale et de présider le Conseil supérieur de la magistrature, au mépris du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs. On croyait que l’Union y était attachée, et qu’elle en faisait une valeur et un principe fondamentaux.

Rappelons que l’élection du président de la République à deux (2) tours de scrutin avait été actée et constitutionnalisée à l’issue du Dialogue politique d’Angondjé de 2017 que l’UN avait boycotté, estimant que ce n’était qu’un « bal de vampires » auquel avaient pris part des « Hauts traitres de la République ».

Pour ce qui est de la limitation du nombre de mandats, il suffit d’un coup d’Etat militaire pour qu’un tel verrou saute, comme cela s’est passé récemment dans des pays tels le Mali, le Burkina –Faso et le Niger. Ce qui est fait par certains peut être défait par  d’autres. La notion de clause intangible dans un texte de loi relève par conséquent de l’utopie.

 Parlant de l’interdiction faite à la parentèle du chef de l’Etat sortant de se porter candidate à sa succession immédiate, cela se limite à quel degré des liens de parenté, quand on sait que les frères, les sœurs, les cousins, les cousines, les neveux, les nièces, les oncles, les tantes font eux-aussi partie de ladite parentèle. De plus, en quoi la mauvaise gouvernance d’un pays par tel ou tel chef de l’Etat incombe-elle à son épouse ou à ses enfants ? Le principe dans toute démocratie, en ce qui concerne les droits civiques, n’est-il pas de rendre éligible tout électeur ? S’agissant toujours de l’opposition à toute dévolution monarchique, Paulette Missambo, la présidente[CM1]  statutaire, n’était-elle pas parmi  les 18_membres du Comité permanent du Bureau politique du PDG qui avait désigné Ali Bongo Ondimba comme candidat à la succession de son père en 2009 ?

Quid de la transparence électorale ? On est stupéfait de savoir que l’Union nationale a toujours été pour l’administration et la gestion des élections par le Ministère de l’intérieur, elle qui était jadis pour une « transparence absolue ». Que reprochait-elle alors aux ministres Antoine Dépadoue Mboumbou Miyakou, Jean François Ndoungou et Pacôme Moubelet, lesquels ont été les artisans des coups d’Etat électoraux de 1993 , 2009 et 2016, pour ne parler que de ceux-là ?

Quant à Barro Chambrier et son « Rassemblement pour la Modernité »,  membre du gouvernement de Transition et de la « Plateforme Alternance 2023 », l’Héritier d’Eloi Réhandi Chambrier-dans tous les sens du terme-  exhorte les siens à voter « Oui », parce qu’il a atteint un double objectif : l’alternance en 2023 et une place au gouvernement. Ce qui l’oblige à faire fi du fait qu’il est personnellement victime des dispositions discriminatoires contenues dans la nouvelle constitution, lui qui a un grand- père  d’origine française, de mère béninoise et qui a une épouse d’origine congolaise. Il s’en moque. Tout comme il est devenu amnésique des sacrifices, des risques encourus par beaucoup de Gabonais pendant quarante –deux (42) du long règne d’Omar Bongo Ondimba, lorsque son père et lui avaient été associés à l’exercice du pouvoir, pour ne se rappeler que des quatorze (14) années de magistère d’Ali Bongo Ondimba.

Que dire de l’autre avatar du PDG, l’UNPR de Louis Gaston Mayila qui se veut aujourd’hui en rang serré pour la constitution ? Il justifie cette position par le fait que « depuis l’avènement du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), les autorités actuelles à travers un certain nombre d’engagements visibles et palpables apportent des solutions aux maux auxquels sont confrontés les populations… ». N’est-on pas là à plusieurs kilomètres du débat portant sur l’adoption d’une nouvelle constitution ? Il n y a que l’opportunisme qui peut permettre de réaliser une telle prouesse.

La fourmilière qui était celle d’Omar Bongo Ondimba est donc en train de se reconstruire autour du CTRI et son chef, le Président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema. Le « OUI » à la faveur de la constitution en voie d’adoption, motivé rien que par l’opportunisme politique, en est l’accélérateur.


 [CM1]

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