La nouvelle constitution de la République gabonaise, celle qui sera bientôt soumise aux citoyennes et citoyens , pour adoption, a été manifestement élaborée sur la base de ce qu’ont été certaines personnes dans la vie publique gabonaise de ces quatorze dernières années et surtout du rôle qu’elles y ont, ou qu’elles y souhaiteront joué : Ali Bongo Ondimba ; Maixent Accrombessi ; Edith Lucie Bongo Ondimba ; Omar Denis Junior Bongo Ondimba ; Sylvia valentin Bongo Ondimba ; Noureddin Valentin Bongo Ondimba, les frères Oceni et leur père ; Liban Souleymane, pour ne citer que celles-là . Leur spécificité : elles ont presque toutes des origines étrangères, du moins le soupçonne-t-on pour quelques-unes, et elles ont un lien soit consanguin soit uniquement relationnel avec la famille Bongo.
C’est donc autour de ces personnes que l’on a ultra-personnalisé la loi fondamentale gabonaise en cours d’adoption et qu’ont été rédigés la plupart des articles et dispositions antidémocratiques et discriminatoires qui posent problème.
Il en est ainsi de l’article 43 et toutes ses dispositions. Il est de ce fait évident que les notions de « être nés d’au moins d’un parent gabonais, lui-même né Gabonais », et d’« être marié (e) à un (e) à un Gabonais(e) né(e) d’au moins un parent gabonais, lui-même né Gabonais » ; il est évident, disions-nous, que ces notions les visent particulièrement.
En les indexant ainsi personnellement, dans une constitution censée être un lieu commun à tous les citoyens Gabonais, on a oublié que beaucoup d’autres citoyens du même pays, nés depuis l’époque coloniale de couples mixtes, certains ne connaissant même pas leurs géniteurs et d’autres encore issus de mariages survenus après la décolonisation, présentent de tels profils.
Que dire à cet effet de nombreuses familles regorgeant de personnes de métis (ses), notamment de la côte atlantique gabonaise ; des enfants du premier chef d’Etat gabonais, Léon Mba Minko m’Edang, avec son épouse d’origine centrafricaine ; des enfants de feu Omar Bongo Ondimba nés d’une congolaise ; de ceux du défunt Georges Rawiri avec une femme d’origine française ; de feu Ondo-Bonjean François, d’Emmanuel Ondo Methogo ; de François Nguema Ndong, dont le très célèbre Patrick Nguema Ndong ; de Rendembinot Coniquet, d’Etienne Kassa Mapessi, du défunt Valentin Mihindou mi Nzamba ; du regretté Casimir Oye Mba, de tous ces jeunes qui défendent les couleurs du Gabon, avec les « Panthères », l’équipe nationale de football ? Ont-ils choisi leurs géniteurs et génitrices ?
Il est vrai qu’une concession de dernière minute leur a été faite, celle qui a consisté à ajouter le fameux « d’au moins ». Toujours est-il que le mal a été fait. Ces Gabonais doivent désormais savoir et tenir compte du fait que les concepteurs de la nouvelle constitution les prenaient pour des citoyens de seconde zone ou des sous- Gabonais, bons rien que pour élire d’autres Gabonais, sans avoir la possibilité d’être élus eux-mêmes, du moins à la plus haute fonction de l’Etat.
La preuve que cette nouvelle constitution est à tête chercheuse, dans le dernier alinéa de l’article 43, il est écrit noir sur blanc : « le conjoint et les descendants d’un président de la république ne peuvent se porter candidat à sa succession ». Cela saute aux yeux, cet alinéa vise particulièrement les conjointes et les progénitures d’Omar Bongo Ondimba et d’Ali Bongo Ondimba. Et pourtant, lorsqu’il y a eu une dévolution à caractère monarchique au Gabon en 2009, aucune disposition constitutionnelle ne prévoyait le passage de flambeau de père en fils ou d »époux à épouse. Cela la force des armes dont dispose la Garde républicaine et l’onction constitutionnelle de Marie Madeleine Mborantsouo l’ont permis. Il y a là, encore une fois une fausse réponse à un vrai problème
. La nouvelle constitution de la République gabonaise, en son article 15 énonce : « tout citoyen gabonais est électeur et éligible dans les conditions fixées par la loi. Il doit participer à la gestion des affaires publiques soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants élus », au nom de quoi et en vertu de quoi les conjoints (es) et les progénitures d’un président de la république échappent –ils à cette règle ? En quoi seraient-ils directement responsables des fautes commises par leurs conjoints (es) ou leurs ascendants dans l’exercice de leurs fonctions ? Pourquoi une telle responsabilité serait –elle liée aux rapports amoureux dans un couple ou alors à l’ADN d’une famille.
Tout ceci est absurde et illogique et montre que l’on cherche uniquement à régler des comptes à certaines personnes ou à certaines familles. Tel est-il le but visé par la loi fondamentale d’un pays, laquelle est censée d’être impersonnelle ? Apparemment, celle qui qui en cours d’adoption au Gabon risque de créer plus de de problèmes qu’il y en avait et la sortie de l’auberge n’est certainement pas pour demain.