L’opposition Oligui Nguema- Bilié By Nze : l’habile diversion

L’esquive est maladroite et la ficelle trop grosse pour ne pas être perçue.  En manque d’arguments pour soutenir l’option du « OUI », les partisans de ce « OUI » esquivent maladroitement le débat portant sur la Constitution et préfèrent le déplacer sur l’opposition entre deux personnes qui ne sont pour le moment candidats à rien du tout, lesquels apparaissent, faut-il le reconnaitre, comme les principaux leaders d’opinion de la scène politique gabonaise du moment. Il s’agit, et tout le monde l’aurait compris, du Président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema et l’ancien Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, Alain Claude Bilié By Nze.

 La supercherie semble être habile et subtile. L’un, le premier-cité vient de s’accaparer des leviers de l’Etat et se présente comme un « libérateur », un « Moise », mieux un « Josué » à la limite un « messie ». Par contre, le camp du deuxième-cité vient à peine de perdre le pouvoir et le désamour entre lui et l’opinion est encore vivace, tellement les Gabonaises et les Gabonais accusent ce camp d’être à l’origine de tous leurs malheurs.

Ceux qui ont délibérément décidé de déplacer le débat constitutionnel vers des querelles entre ces deux personnes, Brice Clotaire Oligui Nguema et Alain Claude Bilié By Nze surfent donc sur cette dichotomie entre le bien qu’incarne aux yeux de l’opinion le premier nommé et le mal incarné, cette fois-ci, par le second. On présente ainsi, d’un côté les prouesses économiques et sociales réalisées, en un temps record, par celui qui dirige l’Etat ; et de l’autre côté le désert jonché de ruines laissé derrière lui par l’autre, même si ce n’est pas lui qui avait réellement, dans ses mains, les leviers de l’Etat. Cela est tout un autre débat, et toujours est-il que le tour est joué.

Ainsi cela évite d’aborder la question cruciale de l’heure, celle de l’adoption d’une nouvelle constitution de la république gabonaise. Et l’opinion ne s’acharne plus que sur Alain Claude Bilié By Nze, tout en déifiant le Président de la transition, lequel   a déjà construit, bitumé ou bétonné : 600 kilomètres de routes en moins d’un an ; construit plusieurs infrastructures hospitalières, scolaires et universitaires ; alloué plusieurs bourses d’études à de jeunes Gabonais ; créer de nombreux emplois dans la fonction publique et redonné goût à vivre aux retraités, tant du privé que du secteur public.

 De véritables exploits en quelques mois qu’envieraient au Gabon bien de pays plus nantis financièrement.

Pourquoi alors, dans ce cas, ne pas mettre en avant un tel bilan, même s’il ne s’agit uniquement et exclusivement que d’un débat d’ordre constitutionnel ?

 Pourquoi  prêter une oreille attentive aux sornettes d’un certain Alain Claude Bilié By Nze, complice d’Ali Bongo Ondimba, même s’il alerte sur les dangers que risque de courir le Gabon au cas où la majorité du collège électoral du pays adopterait la nouvelle Constitution qui lui est proposé ?

 Venant de ce dernier, cette alerte constitue pour un certain nombre de Gabonais un sacrilège, voire une hérésie. Tout simplement parce qu’il serait l’incarnation du régime déchu. Ce qui ne semble pas être le cas d’un certain nombre de barons du même régime, habilement et très vite devenus Oligui-comptables, quand bien même ils ont fait pire qu’Alain Claude Bilié By Nze lorsqu’ils se voulaient des soutiens indéfectibles d’Ali Bongo Ondimba et qu’ils lui chantaient des louanges.

Inutile de citer leurs noms, ils se reconnaitront. Toujours est-il qu’ils sont aujourd’hui perchés au- dessus de certaines institutions de la transition, occupent des portefeuilles, ô combien sensibles et stratégiques, au sein du  gouvernement de transition et des fauteuils aussi sensibles et stratégiques dans l’administration centrale. Le débat portant sur l’adoption d’une nouvelle constitution ne les préoccupe donc guère. Ils n’en disent mot. Peut-on parler la bouche pleine ?

Du coup, en décidant délibérément et volontairement d’opposer Brice Clotaire Oligui Nguema à Alain Claude Bilié By Nze dans un débat qui ne concerne que la constitution, et sans que l’un ou l’autre ne soit déjà candidat à quoi que ce soit, en esquivant les débats de fond pour ne privilégier que la grande diversion, on crée les conditions d’un avenir incertain pour le pays, en bâclant la mise en place d’un décor institutionnel qui pourrait en faire un modèle de démocratie et d’Etat de droit.

Laisser un commentaire