Elle a battu le pavé tout au cours des 14 années du magistère usurpé d’Ali Bongo Ondimba et n’avait jamais baissé les bras jusqu’à la nuit du 30 août 2009, la diaspora gabonaise. Aussi bien en France qu’aux Etats-Unis d’Amérique que partout ailleurs où elle se trouve, elle avait constitué l’armée d’avant-garde sur laquelle avait misé, beaucoup plus, Jean Ping aux fins de se réapproprier la victoire électorale que lui avait volée Ali Bongo Ondimba en 2016.
Dès les évènements du 31 août de cette année, comme un seul homme, elle s’est levée pour crier au scandale et pour sortir de sa réserve une communauté internationale qui semblait s’en accommoder. La « Place du Trocadéro » de Paris était devenue pour elle un lieu emblématique et mythique. Elle y organisait des sit-in chaque semaine. Et il y avait affluence. Elle réservait des accueils dont se souviendra toujours quiconque du pouvoir déchu osait s’aventurer à Paris, Bruxelles, Washington, New- York et partout ailleurs hors du Gabon. Dès qu’ils y foulaient leurs pieds, ils étaient tout de suite aspergés de poudre blanche. Ils étaient traqués, même dans les hôtels et restaurants.
Bien avant même l’élection présidentielle du 27 août 2016, certains écumaient les studios et les plateaux des chaines de radio et de télévision pour dire tout le mal qu’ils pensaient du pouvoir de Libreville de l’époque, celui d’Ali Bongo Ondimba. Pendant les campagnes électorales de 2016 et 2023, ils ont été hyperactifs, la preuve certains d’entre eux ont été récompensés en devenant des ministres du gouvernement de Transition, des conseillers spéciaux du Président de la Transition etc.
Avec la nouvelle constitution de la République gabonaise élaborée dans les laboratoires du CTRI, ne peut-on pas aujourd’hui se poser la question de savoir ce qui n’a pas marché ? L’amour de la patrie exprimée par cette diaspora tout au long des évènements sus-rappelés aurait-il été un crime lèse- CTRI, au point où ses membres risquent de devenir, si le projet de constitution actuel est adopté, des sous-Gabonais, ou des Gabonais de seconde zone ? C’est ce qu’en font certaines dispositions discriminatoires de cette nouvelle constitution dont la toxicité est notoire.
Qu’est ce qui leur vaut l’exclusion à la compétition électorale pour briguer le fauteuil présidentiel, du fait de ne pas avoir résidé au Gabon de manière continue pendant 3 ans avant l’élection présidentielle ?
Certains d’entre eux ont été forcés de s’exiler dans des pays étrangers, en raison de leurs opinons politiques ; d’autres y ont effectué leurs études, y ont trouvé du travail et y sont restés, en raison d’un chômage devenu endémique dans le pays.
Pour toutes ces raisons, au nom de quoi, et pourquoi, une loi fondamentale devrait-elle limiter et étouffer leurs ambitions pour un pays qu’ils aiment tant et pour lequel ils ont fait preuve d’un patriotisme que nul ne peut contester ?
S’ils veulent avoir des ambitions pour leur pays et les exprimer, doivent-ils préalablement renoncer à leurs emplois à l’étranger et venir résider au Gabon de manière continue pendant 3 ans, même si ils n’y trouvent aucun autre emploi ? Où est la logique dans tout ça ?
Beaucoup d’autres Gabonais, notamment des jeunes, sont nés en France par exemple, parce que leurs géniteurs y effectuaient leurs études supérieures. Ces jeunes, devenus majeurs, ont bénéficié du droit du sol, tel que le prévoit et l’autorise la législation française. Ils ont par conséquent la double nationalité. Ils peuvent résider et travailler aussi bien au Gabon, où la plupart d’entre eux n’ont pas pu trouver un emploi, qu’en France.
Pourquoi, et au nom de quoi, devaient-ils renoncer à l’une des nationalités, venir résider au Gabon sans discontinuité pendant 3 ans, se porter candidat à la Présidence de la république, revenir France en cas d’échec, puis y résider avec une carte de séjour, après avoir perdu son emploi ?
Les membres de la diaspora réfléchiront plus d’une voix avant de jeter leurs bulletins, rouge ou blanc, le 16 novembre prochain.