Référendum : Les chasseurs primes avancent masqués

Il est difficile de défendre une cause sans arguments et surtout sans en être convaincu soi-même. On est alors obligé de trouver des subterfuges et de se voiler pour apparaitre en public. C’est le cas des partisans du « OUI » au référendum annoncé par les autorités de la Transition. Ces derniers sont obligés d’arborer plusieurs masques.

Il y a d’abord eu celui du bilan du CTRI. Volontairement et expressément, ils ont fait comme si la question qui sera posée aux électeurs gabonais sera celle de savoir si oui ou non le CTRI  a construit ou réfectionné certaines routes et ruelles, des établissements scolaires et des hôpitaux, offert quelques postes budgétaires à certains jeunes Gabonais qui étaient au chômage, alloué des bourses d’études à d’autres, régularisé la situation financière des ex-agents de l’Etat à la retraite, rouvert des concours d’admission dans de grandes écoles etc.

 C’était leur premier masque porté pour esquiver le débat sur la nature du régime politique proposé aux Gabonais dans le projet constitutionnel actuellement au centre de tous les débats politiques en République gabonaise. Un régime qui, puisqu’auparavant, hyper-concentre tous  les pouvoirs dans les mains d’un seul individu et qui porte les germes d’une dérive autocratique, voire monarchique dans le pays.

 Il leur est très difficile de s’exprimer et d’argumenter à ce propos face à des Gabonais que le  régime presque monarchique des Bongo a traumatisé et qui pensaient s’en être libérés dans la nuit du 30 août 2023.

Il leur est encore plus difficile d’avoir des arguments convaincants relatifs aux dispositions discriminatoires contenues dans le texte en cours d’élaboration. Pourquoi les Gabonais doivent-ils être catégorisés et classés dans des tiroirs selon qu’ils aient un père ou une mère d’origine étrangère, qu’ils aient une double nationalité ; selon qu’ils aient épousé un homme ou une femme d’origine étrangère ; selon qu’ils soient en situation de handicap ; selon qu’ils aient moins de 35 ans ou plus de 70 ans ?

 A toutes ces questions, et n’ayant pas de réponses, ils préfèrent avancer, arborant un masque ô combien transparent du bilan, confondant et amalgamant délibérément référendum et référendum.

Ce qui les a obligés à doubler ce premier masque avec celui de l’ethnisme. C’est ce qu’ont fait une certaine élite du Woleu Ntem la semaine dernière dans un grand hôtel de la place, leur théoricien émérite en matière de tribalisme, Marc Ona Essangui, appelant les uns et les autres à soutenir leur « enfant » qui n’est encore candidat à aucune élection, à se mettre debout comme un seul homme à l’image de ces femmes qui sont allées à la « pêche » et dont l’une d’elle a attrapé un « silure » par la tête. Un « silure » qu’il ne faudrait plus lâcher.

On est là loin du débat portant sur la nature d’une Constitution qui engagera la vie de tous les Gabonais, de toutes les origines géographiques et ethniques pendant plusieurs décennies.

Démasqués, ils avancent en ce moment avec le voile de la « sensibilisation » au référendum .Initiée par le Ministère de l’Intérieur, un Pdgiste pur-sang et bon teint, ils écument en ce moment les rues  et les quartiers de Libreville, ainsi que l’intérieur du pays pour sensibiliser, disent-ils, les Gabonais sur les enjeux du prochain référendum.

 Comme si ces Gabonais ne savaient pas qu’il y a eu un coup d’Etat militaire dans leur pays le 30 août, lequel a ouvert une période de Transition au cours de laquelle les institutions de la République doivent être repensées, puis restaurées à l’issue d’un référendum d’adoption d’une nouvelle constitution.

Les Gabonais ont-ils besoin d’une campagne de sensibilisation pour savoir qu’ils vivent en ce moment dans un régime exceptionnel et qu’il va falloir en sortir en les interrogeant sur le modèle de système politique qu’ils souhaitent désormais pour leur pays, le précédent ayant montré ses limites et fait faillite, du moins le croyait-on ?

En réalité, ce nouveau masque de la «  sensibilisation » n’est qu’une habile et malhonnête manœuvre destinée à mener campagne pour le  « OUI », ce d’autant plus que des associations financées et téléguidées, comme la fameuse « Confédération des Associations du Gabon ; des partis politiques que l’on avait dit suspendus, dont le Parti Démocratique Gabonais ; des lobbies ethniques ; à l’instar des élites du Woleu Ntem qui se sont récemment retrouvées dans un grand hôtel de la place  ; tous sont mis à contribution.

Un signe qui montre qu’il y a du feu à la plaine. Un très grand nombre de pompiers peut avoir un effet contreproductif, celui de répandre de plus en plus  ce feu, étant donné que des pyromanes peuvent s’ajouter aux vrais.

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