Le « grand remplacement » : en lieu et place du « coup de la libération »

Le « grand remplacement », tel est le concept créé et utilisé par les racistes et xénophobes blancs européens pour justifier l’immigration transfrontalière que subit depuis un certain nombre d’années leur continent, en raison de la misère que ce dernier a généré dans certaines parties du monde en réduisant des peuples à l’esclavage, en les colonisant et en les néo- colonisant.

Trêve de comparaison. Au Gabon il s’opère des dynamiques au sein de son paysage politique depuis 1990. Les acteurs politiques bougent, se positionnent, se repositionnent, font des va et viens  selon les circonstances et au gré des intérêts et des ambitions des uns et des autres.

 Au départ, pour s’exprimer tels des marxistes, la contradiction principale qui opposait ceux qui détenaient le pouvoir à l’époque et d’autres qui s’en opposaient était la question du multipartisme et donc de la démocratie. C’est dans ce contexte qu’était né en 1981 le Mouvement de Redressement National (MORENA), dont la revendication principale fut effectivement la réinstauration d’une démocratie multipartite dans le pays.

 Cela a pris du temps, puisque le père –fondateur du Parti démocratique Gabonais et ceux qui l’entouraient, à cette époque, n’en voulaient pas. Ils y ont été forcés à l’issue de la Conférence nationale de mars- avril 1990.

S’est alors posé l’épineux problème du changement, c’est-à-dire de l’alternance au sommet de l’Etat, ainsi qu’au niveau de toutes les institutions républicaines. Les partisans d’un tel changement étaient nombreux lors des meetings organisés par le Front Uni  des associations et partis politiques de l’opposition (Fuapo), puis par la Coordination de l’Opposition démocratique (COD). C’était des marées humaines. Lesquelles se sont souvent retrouvées face à des blocus dressés par les forces de défense et de sécurité, bouclier qui défendait le pouvoir des Bongo. Un pouvoir dont la branche civile n’était autre que le Parti Démocratique Gabonais, même si quelques autres partis se sont alliés à ce dernier. Du coup, lors de chaque échéance électorale, l’alternance a toujours été stoppée net par des coups de force. Ce fut le cas en 1993, 2005 et 2009, pour ne prendre que ces épisodes.

Puis, cette dernière année 2009, la dévolution monarchique survenue dans le pays, avec la succession d’Omar Bongo Ondimba décédé, par son fils Ali Bongo Ondimba, a engendré de grandes transhumances au sein du paysage politique du pays.

 Pour des raisons diverses, frustrations, pertes de privilèges, rancœurs et déceptions personnelles et aigreurs, plusieurs indécrottables Pdgistes ont rejoint les rangs de l’opposition. Le mouvement s’est accentué entre 2009 et 2016.

 Ce sont eux que l’on a retrouvés entourant Jean Ping au bord de sa piscine. De là-bas où ils étaient en recyclage, ils rêvaient d’un « grand remplacement ». Ils rêvaient de revenir un jour aux affaires à la place de la « légion étrangère » de Maixent Accrombessi ; de l’ « Ajev » de Brice Laccruche Alliangha et de la « Young Team » de Sylvia Valentin et Noureddin Valentin Bongo Ondimba.

Les évènements survenus dans le pays le 30août 2023 leur en ont donné l’occasion. Et les voilà de nouveau sur la scène politique, et aux premières loges. Ils y ont retrouvé leurs alliés d’antan au sein du PDG. Et les revoilà en mariage d’amour avec le CTRI.

 Ce « grand remplacement » s’est fait au détriment des néo-Pdgistes qui, apparemment, n’y comprennent rien, eux qui ont été victimes du fameux « Coup de la Libération » et qui en ont payé le prix cher. Sont également dépassés par les évènements, les Gabonais qui avaient exulté au petit matin du 30 août 2023, lesquels deviennent aujourd’hui impuissants face à cette nouvelle alliance CTRI- PDG canal historique.

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