Les critiques fusent de partout. Après leurs retrouvailles du Maisha, les Fang du Nord du Gabon sont aujourd’hui la cible de plusieurs voix. Qu’est-ce qui les fait courir ? Se demande-t-on. « Certainement pas l’avenir du Gabon, puisqu’au cours de cette rencontre qui a mobilisé bien de monde, il a beaucoup été question du soutien à apporter à Oligui Nguema, « Mong Ya Dzè », alors que ce dernier n’est, pour le moment, candidat à aucune élection. Pas un seul mot à propos du référendum », répondent amèrement ceux-là qui ne comprennent pas ce qui a motivé les Fang du Woleu Ntem à se donner rendez-vous, ce jour-là, dans une structure hôtelière, l’une des plus luxueuse, de la capitale gabonaise.
Qui a financé une telle rencontre ? S’interrogent les mêmes, quand on imagine le coût onéreux d’une telle activité au cours de laquelle le repli identitaire ethnique n’était pas à soupçonner, au regard des propos tenus et des chansons entonnées par celui qui en est le théoricien émérite, le très volubile Marc Ona Essangui, dont, l’ethnisme et le tribalisme sont des marques de fabrique. Pour lui, les fang du Woleu Ntem tiennent désormais le bon bout. Ils ont dans leurs mains ce qui leur a souvent échappé, le pouvoir. Ils le tiennent tel ce pêcheur qui tiendrait d’une main ferme un silure qui tente de lui échapper. La « faute à qui demain si cela arrive », a-t-il entonné.
Voilà quelqu’un qui, pendant plusieurs années séduisait une bonne partie de Gabonais ,et même de la communauté internationale, de par les nobles causes qu’il prétendait défendre, que l’on découvre aujourd’hui sous le masque d’un opportuniste, tribaliste notoire, prêt à sacrifier sa propre personne pour des raisons alimentaires.
Et voilà qui va encore nourrir la « fang-phobie », laquelle avait fait des ressortissants de cette communauté ethnolinguistique du Gabon des responsables des maux qui minent le pays .Cela va également conforter les originaires de la province du Haut –Ogooué qui accusent les Fang du Nord de vouloir leur arracher leur fils.
Le « Tout sauf les Fang » risque ainsi de prendre de plus en plus de l’ampleur, en raison de l’opportunisme d’une certaine élite du septentrion, toujours à la recherche de postes de nomination et d’espèces sonnantes et trébuchantes. On l’a vue se prosterner avant-hier devant feu Omar Bongo Ondimba, hier devant son successeur de fils au trône du Palais de marbre du bord de mer de Libreville Ali Bongo Ondimba, Et aujourd’hui, c’est pour Brice Clotaire Oligui Nguema qu’ils se mobilisent, et c’est devant ce dernier qu’ils se prosternent, toujours pour les mêmes raisons alimentaires, en maniant habilement la fibre ethnique.
Ce à quoi les Altogovéens de Ngouoni leur rétorquent, à raison d’ailleurs, que « dans la culture Fang, un enfant né hors mariage appartient à la famille maternelle, même si son géniteur est bien connu ». Ce qui veut dire que loin d’être Yengui, Brice Clotaire Oligui Nguema est beaucoup plus Obamba de Ngouoni. Une vérité culturellement implacable.
Et le moins que l’on puisse dire est que cette bataille inter-ethnique est ridicule et indécente au moment où les préoccupations devraient être : la construction de la Nation Gabonaise et la consolidation d’un Etat de droit démocratique. Apparemment, chez certaines élites du Nord du pays, ces préoccupations sont secondaires par rapport à leurs obsessions d’occuper des postes de nomination.