Le temps des bilans viendra : l’heure est au vote de la nouvelle constitution

De quoi parle-on actuellement, et exactement, en République gabonaise ? De la révision de la Constitution ou du bilan des cinquante-quatre (54) ans de gouvernance du Gabon par les Bongo ?  D’aucuns ramènent volontairement, et à dessein, cette période aux quatorze (14) années de magistère d’Ali Bongo Ondimba et font comme s’il s’agissait de faire le bilan de ces quatorze (14) années  de la vie politique, économique et sociale du Gabon postcolonial, en la comparant à la seule année de la gestion du pays par le CTRI.

 Du coup, beaucoup ont perdu de vue qu’il s’agit de l’adoption de cette loi fondamentale pour le pays.il y a là amalgame et confusion des genres.  Cela va dans tous les sens. Les spécialistes des débats d’égouts, aux cerveaux riquiquis, s’en donnent à cœur joie, en allant fouiller dans les profondeurs de ces égouts, afin d’y trouver tout ce qui peut diviser les Gabonais et mettre mal l’unité de la nation encore fragile et une cohésion sociale précaire. On parle ainsi de la responsabilité de certaines communautés ethnolinguistiques et de  leurs provinces respectives dans la situation actuelle du pays.

Le pays a besoin de se doter d’une nouvelle loi fondamentale qui le mettrai l’abri de bien de situations vécues dans un passé encore récent ? Des situations qui en ont fait un champ de batailles permanent à cause d’un déficit criard de démocratie. Il en a payé un prix fort. Des morts, des blessés et de nombreuses familles endeuillées. L’on se souvient des dramatiques évènements de 1993, de 2009 et 2016. Le Gabon était au bord du précipice. Seuls des négociations et accords politiques l’avaient retenu in extrémis.

 Cela à cause de l’obstination d’une seule famille à vouloir conserver at.- vitam aeternam le pouvoir suprême et tous les privilèges qui l’accompagnent, dans un pays qui se veut une République et un Etat démocratique.

 Cette obstination ne date pas d’hier. Elle dure depuis plus d’un siècle. Et pour ceux qui veulent parler de bilan, en ramenant la vie politique, économique et sociale du Gabon rien qu’aux quatorze (14) années de magistère d’Ali Bongo Ondimba, sans faire l’avocat du diable, il y a quand même lieu de rappeler qu’exceptées les toutes premières années du Gabon postcolonial, tout a commencé par la « rénovation » en 1967. Le parti unique, le PDG, venait d’ouvrir une ère nouvelle au pays. Une ère euphorique  pendant laquelle les uns et les autres trémoussaient au rythme des groupes d’animation et se servaient du « petit livre vert » comme bréviaire. Les slogans à la gloire du « grand timonier », du « guide éclairé » accompagnaient la vie politique du pays.

S’étaient embarqués à l’époque dans le « train de la « rénovation », et d’une « gare » à une autre les :  Léon Mebiame Mba, Georges Rawiri, Théodore kawou, Jean Stanislas Migolet, Eloi Réhandi Chambrier, Etienne Kassa Mapessi, Fulbert Bongotha, Jacques Libizangomo, Jean Pierre Lemboumba Lepandou , Jean Boniface Assélé, Martin Bongo, Julien Mpouoh Epigat, Jules Bourdes Ogouliguendé,  Zacharie Myboto, Valentin Mihindou mi Nzamba, Didjob Divungi Di Ding, Paul Malékou, Etienne Moussavou, Louis Gaston Mayila ,Pierre Claver Maganga Moussavou, Etienne Mouvagha Tchioba, Guy Nzouba Ndama, Richard Nguema Bekale, François Ondo Owono Engueng, Jean Remy Ayouné, André Mintsa, François Nguema Ndong, Bonjean François Ondo, Paul Maurice Tomo, Jean François Ntoutoume Emane , Jean Eyeghe Ndong, Paulin Obame Nguema, Paul Biyoghe Mba, Léon Augé, Michel Antchoué, Hervo Akendengué ,Michel Essongué, Casimir Oye Mba, Simon Essimengane, Antoine Dépadoue Mboumbou Miyakou, Martin Fidèle Magnaga, Amiar Nganga, Saulnérond Mapangou et bien d’autres encore. La liste est loin d’être exhaustive.

 Aux toutes dernières « gares », se sont joints à eux, les : Casimir Oye Mba, Paul Toungui, René Ndemezo’Obiang, Emmanuel Ondo Methogo, André Mba Obame, Michel Menga m’Essone, Paulette Missambo, Jean Rémy Pendy Bouyiki, Emile Ndoumba, Fabien Owone Essone, Richard Auguste Onouviet, Guy Bertrand Mapangou, Angélique Ngoma, Denise Mekamne, Pacôme Moubelet, Ali Bongo Ondimba, Pascaline Mferri Bongo etc.

 Puis, se sont embarqués aux derniers mois du trajet  les jouisseurs, prédateurs des finances publiques de l’Ajev. Et aux toutes dernières heures, les jeunots immatures de la fameuse « Young Team » ont provoqué le déraillement.

Cela a d’abord duré plus d’une vingtaine d’années, avant que la première sortie de voie  ne soit constatée en début de l’année 1990 par Omar Bongo Ondimba, lequel avait reconnu publiquement et solennellement que le parti politique, qu’il avait lui-même crée, le PDG, avait échoué sur tous les plans : politique, économique et social. C’était là le premier bilan fait.

 Et ce fut la tenue d’une Conférence nationale en mars-avril de cette années .L’Objet principal fut de réinstaurer la démocratie multipartite dans le pays. Il n’eut pas de chasse aux sorcières par après et personne ne fut condamné à être brûler au bûcher.

 Remis sur les rails, le tout assorti d’un retour à cette démocratie multipartite, ceux-là qui avaient été les artisans, les théoriciens émérites de la rénovation – parfois rénovée- eurent droit au chapitre et ont survécu à l’avalanche de critiques qui leur avaient été adressées. Ils se sont même requinqués en continuant à jouer des premiers rôles sur la scène politique nationale. Mieux, ils se sont remis aux commandes de l’Etat, aux côtés d’Omar Bongo Ondimba. Et le train a continué à traverser des zones de turbulence, dont les plus importantes furent enregistrées en 1993, 2OO9 et 2016.

Avant que l’on en arrive là, plus précisément aux évènements de 2009 et 2016, le même Omar Bongo Ondimba avait, en 2007, fait un autre bilan du système qu’il avait lui-même façonné, ce dans un discours devenu mémorial à travers lequel il déclarait : « Dieu ne nous pas donné le Gabon pour en faire ce que nous sommes en train de faire ;  de là-haut, il nous observe et dit amusez-vous ; un jour viendra, il va nous sanctionner … ». Il s’adressait bien évidemment à tous ceux qui l’avaient accompagné durant son long règne et qui sont aujourd’hui devenus amnésiques de leur passé.

C’est donc dire à quel point des bilans ont été faits sur la gouvernance du pays tout au cours du long règne des Bongo. Ce n’est plus de cela qu’il s’agit pour le moment, ce d’autant plus que le coup d’Etat militaire du 30 août 2023 est la conséquence des politiques menées aussi bien par Omar Bongo Ondimba et par son successeur de fils Ali Bongo Ondimba .La restauration des institutions annoncée par les auteurs de ce coup d’Etat militaire devait commencer l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle constitution pour le Gabon ; C’est de cela qu’il s’agit pour le moment et rien d’autre ; Le temps des bilans viendra au moments des élections générales.

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