Lorsque qu’il lui désigne la lune, l’idiot n’a son regard fixé rien sur le doigt. En d’autres termes, et pour parler de l’actualité gabonaise du moment : qu’une personne soit galeuse, tuberculeuse, bandit de grand chemin, escroc, folle, toutes les mauvaises qualités que l’on voudrait lui attribuer, le plus important n’est-il pas la pertinence de ses propos quant à une situation bien déterminée ?
Les Gabonais s’apprêtent à voter une loi dont dépendra la vie de tout un peuple, et ce pour une longue durée. D’aucuns estiment qu’elle porte les germes d’une très personnalisation de la fonction de Président de la République, chef de l’Etat, au point d’en faire un monarque qui ne dit pas son nom. Les mêmes, et non des moindres, alertent également sur les risques d’une division du pays, en raison des dispositions discriminatoires que l’on risque d’y trouver, si elle est adoptée tel que les parlementaires l’ont transmise au CTRI et au gouvernement de Transition.
Personne, du moins ceux-là qui sont déjà en campagne pour le « Oui », n’apporte aucun démenti à toutes ces critiques pourtant bienveillantes. En tout cas, ils n’avancent aucun argument contraire. En guise d’arguments, ils versent plutôt dans l’insulte, les quolibets, les débats d’égouts, la calomnie, les intimidations, les menaces, quand ils ne dressent pas un bilan ô combien élogieux des politiques menées par le CRTI depuis plus d’un an. Se mettant ainsi délibérément hors- sujet.
Apparemment, et pour ces derniers, certains qui ont collaboré avec le pouvoir déchu ne peuvent plus avoir droit au chapitre (sauf la Présidente honoraire de la Cour Constitutionnelle et pas du tout Alain Claude Bilié By Ze). Ils ne peuvent leur désigner la lune. Ils doivent se taire et se murer dans le silence lorsqu’on débat du lieu commun à tous les Gabonais, la Constitution.
Et pourtant, dans les plus hautes sphères des organes de Transition (Présidence de la République, gouvernement et autres institutions telles le Conseil économique, social et environnemental, la Cour constitutionnelle), ils sont nombreux qui ont collaboré avec Ali Bongo. Il y en a même qui l’ont porté à bras le corps pour présider aux destinées du Gabon pendant quatorze (14) ans.
Et si ces hérétiques, devenus, alertaient véritablement sur un réel danger, que fera-t-on demain lorsqu’il sera trop tard ? On pansera les plaies et on enterrera les morts.
Répétons-le, la rivière avait emprunté une trajectoire sinueuse et jalonnée de méandres, faute de conseils.