Entre Oligui- compatibles et Oligui –incompatibles : le paysage politique gabonais se recompose

Du 30 août 2023 jusqu’à nos jours, le paysage politique gabonais a vu se cristalliser progressivement deux pôles .Il y a désormais d’un côté les Oligui –compatibles et l’autre  côté des Oligui in- compatibles.

 Le premier pôle, celui des Oligui- compatibles est constitué : de généraux et autres officiers membres du CTRI ; de Pdgistes qui, hier, chantaient des louanges et glorifiaient le « Distingué Camarade Président, et aujourd’hui se sont reconvertis à l’ « Oliguisme ; de fieffés tribalistes, eux aussi issus des rangs du PDG et qui excellent par les temps qui courent dans la récupération ethnique ; d’opportunistes de tout poil, chercheurs de postes et d’espèces sonnantes et trébuchantes, prêts à tout pour être visibles dans les écrans-radars du patron du CTRI ; des d’anciens opposants ayant fait allégeance au point même d’avoir oublié ce pourquoi ils s’opposaient à Ali Bongo Ondimba ; de tous ceux qui soutiennent qu’en un temps record, le CTRI a fait un gigantesque bond en réalisant des travaux herculéens  qu’Ali Bongo Ondimba n’a pu faire en quatorze (14) de magistrature suprême. Ce qui fait aujourd’hui du Gabon le pays le plus développé d’Afrique centrale.

Dans ce pôle qui attire aujourd’hui du monde, tel du miel pour les abeilles, on est dédouané et blanchi de tous les crimes et autres délits commis du temps du pouvoir déchu. C’est ainsi que peuvent être pris pour des « libérateurs » du Gabon, tous les officiers des forces de défense et de sécurité ayant donné des ordres pour que soient massacrés des Gabonais en 1993, 1998, 2009 et 20I6.

 Rentrent également dans ce registre des «  libérateurs » du Gabon, des personnalités comme Marie Madeleine Mborantsouo qui avait validé tous les coups d’Etat électoraux perpétrés  de 1993 à 2016 ; Jean François Ndoungou qui a dissout le parti politique « Union Nationale » en 2010 et ordonné la prise d’assaut du quartier « Cocotiers » la même année, parce qu’André Mba Obame entendait y tenir un meeting, ce qui s’était soldé par l’assassinat d’une jeune gabonaise au seuil de la porte de son domicile Atsibe Ntsoss, pourchassée qu’elle était avec bien d’autres par des hommes armés ; Séraphin Moudounga qui, aux premiers mois du pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, soutenait que tous ceux qui étaient devenus opposants, et qui avaient été aux affaires du temps d’Omar Bongo Ondimba, n’avaient laissé derrière eux qu’un « champ de ruines » ; Alexandre Barro Chambrier héritier politique de son père aux côtés d’Omar Bongo Ondimba, avant qu’il ne tente en vain de moderniser le PDG. Tous les autres membres actuels du gouvernement de transition, quoi que toujours membres du Bureau politique du PDG, sont pris, eux-aussi, pour des libérateurs

 A ces grands « libérateurs » du Gabon, s’ajoutent tous les opposants qui refusaient hier de s’asseoir autour d’une même table que ceux qui avaient le sang des Gabonais sur les mains et qui, aujourd’hui, ont fait allégeance au CTRI, généralement pour des raisons alimentaires.

Quant au deuxième pôle, on y trouve ceux qui, malgré le crédit accordé dès le départ au CTRI et l’espoir suscité par les évènements du 30 août 2023, ont très vite déchanté. Et pour cause, jusqu’à ce jour, aucune institution républicaine n’a été restaurée, le CTRI se lançant plutôt dans de grands travaux sans avoir obtenu, pour cela le mandat du peuple souverain. Le projet de Constitution qui doit être le socle de toutes les réformes institutionnelles est largement critiqué, parce que portant les germes d’une grande personnalisation de la fonction de Président de la république, presqu’une « monarchisation » qui ne dit pas son nom, ainsi que ceux à même de diviser le pays et le conduire au chaos.

 Et pourtant, au lendemain du coup d’Etat militaire, il n’y avait qu’un seul camp, celui de la restauration des institutions et l’instauration d’un Etat de droit démocratique dans le pays. Tous les citoyens Gabonais ont également perçu en ce coup d’Etat, la levée du verrou qui bloquait toute possibilité d’alternance au sommet de l’Etat par l’organisation des élections libres, transparentes et crédibles. L’espoir d’un Gabon nouveau était ainsi né.

En est-il toujours ainsi aujourd’hui avec ces deux pôles qui se sont cristallisés et qui se regardent désormais en chiens de faïence ? Rien n’est moins sûr et le fossé risque de s’élargir de plus en plus.

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