Procès du PDG : les présumés coupables de moins en moins nombreux

La plainte avait été portée par les participants au Dialogue inclusif-exclusif d’Angondjé. Certains Pdgistes, sans préciser ni lesquels ni les chefs d’accusation, doivent passer à la barre. On ne sait toujours pas, jusqu’à ce jour, quelle est la juridiction qui devrait se pencher sur leur cas. On imagine tout simplement, qu’il s’agira de se prononcer sur les crimes physiques- les assassinats politiques et économiques commis tout le temps que l’ex- parti unique a régné, presque sans partage, sur le pays.

A la lecture de la plainte portée, on s’est vite rendu compte qu’il s’agit uniquement de ceux commis depuis 2016. Curieux ! Le long règne du PDG date pourtant de 1968. Et beaucoup d’évènements, souvent dramatiques, sont survenus dans le pays depuis cette date, en termes de privation de libertés, d’assassinats politiques et de crimes économiques.

Cette ère avait été ouverte avec l’assassinat de Germain Mba en 1972. Ce fut en pleine euphorie de la « Rénovation ». D’autres Gabonais, et non les moindres, en ont fait les frais, Ndouna Dépénaud, le capitaine Mandza – pour atteinte à la sécurité de l’Etat- et bien d’autres encore. La place publique de l’ « hollando » fut transformée en abattoir. Les chaînes publiques de radio et de télévision faisaient les reportages des exécutions en direct.

 En 1981, pour avoir revendiqué le retour à la démocratie, les Simon Oyono Aba’a, Jean Baptiste Obiang Etoughe, Jules Mba Bekale, Jean Pierre Nzoghe Nguema, Abbé Noel Ngwa Nguema, Moubamba Nziengui, Paul Calvin Tomo, pour ne citer que ceux-là furent jetés en prison tels de vulgaires voyous.

Puis en 1990, après avoir tordu la main à Omar Bongo Ondimba pour que soit réinstaurée la démocratie multipartite dans le pays, d’autres évènements aussi dramatiques eurent lieu sous la forme de répressions sanglantes. Il y a eu les évènements de 1993, suite au premier coup de force électoral perpétré par Omar Bongo Ondimba au détriment de Paul Mba Abessole. Des Gabonais y perdirent leurs vies, d’autres furent privés de liberté, « Radio Soleil » de Paul Mba Abessole fut pris d’assaut par un commando de l’armée gabonaise. Tout ceci déboucha en février 1994 par les négociations et « Accords de Paris ».

 Joseph Redjembé Issiani peut être pris pour un martyr de cette époque, puisqu’il fut froidement assassiné quelques jours après la Conférence dans des conditions jusqu’à ce jour non élucidées.

Que dire de l’assassinat, dans les conditions que l’on sait de l’institutrice Martine Oulabou !

En 2005, il eut de nouveau ce type d’évènements dramatiques. Les partisans de Pierre Mamboundou qui contestaient la victoire proclamée d’Omar Bongo, dans les Akebé et les PK, furent violemment matés par les forces de défense et de sécurité. Il eut, selon quelques sources qui avaient vécu        ces évènements, quelques morts et de nombreux blessés.

En 2009 Omar Bongo s’en est allé, non sans avoir confessé que « Dieu ne nous a pas donné le Gabon pour en faire ce que nous sommes en train de faire. De là- haut il nous regarde et le jour viendra où il va nous sanctionner… ».

 Apparemment, cette confession en guise de mea-culpa n’avait pas été entendu par tous ceux qui l’avaient accompagné pendant son long règne sur le Gabon, puisqu’en 2009 justement, ils récidivaient en perpétrant un autre coup de force dont, cette fois,-ci André Mba Obame fut victime. Et là encore, suite à la contestation des résultats proclamés par ceux-là qui se prennent aujourd’hui pour des démocrates exemplaires, une répression aveugle et sanglante eut lieu, notamment à Libreville et Port-Gentil. L’on se souvient encore de la charge par l’armée des milliers de Gabonais agglutinés devant le portail de la Cité de la Démocratie. Cette charge fut tellement violente que plusieurs d’entre eux furent blessés. Vite exfiltrés par les leurs, André Mba Obame et Pierre Mamboundou furent conduits en lieux sûrs.

En 2016, le même scénario a été vécu. Suite à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de cette année, ceux qui annonçaient la victoire du candidat Ali Bongo Ondimba, cependant tout le monde savait Jean Ping vainqueur dans les urnes, y compris au niveau de la communauté internationale, de nombreux de Gabonais ruèrent dans les rues. Ce fut un soulèvement populaire maté une fois de plus dans le sang. Il eut au moins une dizaine de morts et de nombreux blessés.

Sur le plan économique, de nombreuses entreprises et sociétés sont tombées en faillite et mis la clef sous le paillasson ou alors bradées : Sogacel, Air- Gabon, Octra, Soubara, Agro-Gabon, Promo-Gabon, HEVEGAB, Gabon –Télécom, Gabon-Poste, Sossuo, Africa N0 1, Ciment du Gabon, Hôtel Inter Continental Okoumé Palace, Hôtel Lowe, Le Méridien Rédama, Hôtel Dialogue, Hôtel Rapotchombo, Sotra-ville, Sotral, nous en passons et le liste est loin d’être exhaustive.

Difficile alors de comprendre pourquoi d’aucuns soutiennent  que l’on ne s’arrête qu’à ces évènements de 2016, dans la poursuite des Pdgistes responsables de crimes physiques et économiques, en fermant les yeux sur ce qui s’est passé avant, et en les mettant tous les crimes commis avant cette date dans le registre « pertes et profits ». Pertes pour le peuple gabonais et profits pour tous ces Pdgistes qui ont fait allégeance au CTRI, lesquels qui sont devenus blancs comme neige.

 Du coup, il y’a qu’une infime partie de Pdgistes qui risquent de passer à la barre, si procès il y a.

Laisser un commentaire