Il suffirait de mettre un (E) entre le (C) et le (N), et l’homonymie rappellera de bien tristes souvenirs au peuple gabonais, lesquels ne sont pas encore totalement dissipés dans leur mémoire collective, dans la mesure où il s’agira d’un certain OCENI, un des éléments très influent de la « Young Team », en raison de sa proximité avec celui qui en était le Chef, Noureddin Valentin Bongo Ondimba.
Revenons au vrai sujet et trêve de souvenirs à susciter des hallucinations, du délire et des crises d’urticaire chez bon nombre de Gabonais.
Comment caractériser la Constitution en cours d’élaboration ? Tel est ce vrai sujet, plutôt la question fondamentale.
Maintient-elle (cette constitution en cours d’élaboration) un régime politique présidentialiste, tel l’on l’a connu et amèrement vécu au Gabon depuis cinquante –quatre (54) ans, avec un Président de la république omniprésent, omniscient et omnipotent , une sorte de monarque qui ne disait pas son nom, le Premier ministre n’ayant été pour lui qu’un bouc ’émissaire, un fusible qu’il pouvait faire sauter dès la moindre tension ?
Ou alors s’achemine –t-on vers un régime présidentiel tropicalisé, avec renfort des attributs et des prérogatives du Chef de l’Etat, ce qui le placerait, de nouveau, très au-dessus de toutes les autres institutions républicaines, au point d’en faire, une fois de plus, un monarque qui ne dirait pas son nom ?
On se perd en conjectures, des langues se délient et de vives inquiétudes s’expriment. Ce d’autant plus que, avant que sa forme ne soit bien visible, cet objet constitutionnel non identifié envoie déjà de très mauvais signaux qui peuvent effectivement inquiéter. Des signaux à même d’engendrer l’autoritarisme au sommet de l’Etat et de la discrimination au sein du corps social du pays, avec la crainte que ce dernier ne se retrouve très prochainement en lambeaux.
Devrait-on en arriver là, alors que ces signaux mortifères sont déjà perceptibles au moment où le débat a lieu ?
Devrait-on an arriver là parce que d’aucuns, hier hargneux, offensifs, virulents et même violents vis-à-vis du régime déchu d’Ali Bongo Ondimba, ont décidé de fermer les yeux pour ne pas apercevoir cet objet constitutionnel, certains en se faisant même hara-kiri ?
Devrait-on en arriver là, parce que les mêmes entretiennent délibérément, pour des raisons alimentaires, l’amalgame et la confusion entre le bilan des réalisations économiques et sociales d’un pouvoir politique qui s’est installé il y a à peine un an et le vote d’une loi fondamentale qui, comme l’ont souligné, à juste titre, certains : » est l’acte fondateur par lequel une société se constitue une identité et décide de son ordre social ».
Dans l’histoire politique du Gabon postcolonial, il y a eu des constitutions de régimes politiques semi –parlementaires ; d’un régime politique présidentiel- peu de temps avant le décès de Léon Mba Minko m’Edang- d’un régime de Parti-Etat – durant le parti unique ; jamais le pays n’avait encore fonctionné avec un objet constitutionnel non identifié ( OCNI)- à na pas confondre avec OCENI, même si l’on peut percevoir une proximité entre les deux-
D’autres l’ont qualifié de « curiosité juridique ».
Rappelons-le toujours et insistons là-dessus : la rivière n’aurait pas emprunté une trajectoire sinueuse, jalonnée de méandres, si elle avait été conseillée.