PDG/ les adieux d’Ali : le rapport de forces a dit Oligui

C’est avec un mélange de mélancolie, de chagrin, de mea-culpa et aussi d’amertume qu’Ali Bongo Ondimba a décidé de tirer sa révérence.  L’émotion transparait à travers la lettre adressée, il y a quelques heures, aux Gabonais.

  Il ne sera plus jamais le « Distingué Camarade » Président » du Parti Démocratique Gabonais. C’est une page de son histoire personnelle qu’il vient de fermer. Un chapitre de plusieurs années de vie politique du Gabon postcolonial. De bons et de mauvais souvenirs pour celui qui avait décidé, contre vents et marées, de succéder à son père sur le trône du Palais de marbre du bord de mer en 2009, faisant ainsi du Gabon une dynastie qui ne disait pas son nom.

 Ses ambitions étaient tellement gargantuesques qu’il avait promis de faire du Gabon un pays émergent à l’orée de l’année 2025. Il avait, pour cela, tenté d’avancer en se servant de trois piliers : « le Gabon vert », « le Gabon industriel » et le « Gabon des services ».

 Et comme tout le monde le sait, il est très difficile pour toute chose de se mouvoir avec trois pattes. Et l’échec a été constaté dès les premiers mètres parcourus. La « légion étrangère » qui lui servait de moteur s’est retrouvée sans carburant et donc sans énergie. Une énergie qui devait lui provenir du patriotisme, c’est dire l’amour de la patrie qu’elle ne pouvait avoir. D’autres sont venus à la rescousse, les Ajeviens et autres, en vain. La fameuse « Young Team » est venue enfoncer le clou. Et tout s’est enlisé dans un bourbier, avant que les militaires n’interviennent

Au bout du compte, le « Gabon émergent » n’aurait été qu’une chimère. Et le rêve s’est vite évanoui dans la mémoire collective des Gabonais. Il a mis du temps à reconnaitre ses échecs à la tête de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, sinon il n’aurait pas cherché à conserver le pouvoir par la force, comme il l’a fait en 2016, en arrachant la victoire électorale à Jean Ping.

 En 2023, il a failli récidiver n’eut été l’intrusion de ces militaires dans l’arène politique.

Et  même là encore, en dépit de son isolement dans sa résidence dorée de la Sablière, il a mis du temps à se rendre compte que le rapport de forces n’était plus à sa faveur, puisque de là- bas, il a tenté de reconstruire le PDG, estimant à juste titre que ce parti politique était une propriété familiale.

 D’autres membres de la famille, devenus les maîtres du pays, ne l’ont laissé faire. Moralité, le PDG s’est retrouvé avec deux directoires recevant parallèlement des instructions de la Sablière et du Palais présidentiel du bord de mer de Libreville. Deux directoires avec des vice-présidents sans présidents

Finalement, le Palais a pris le dessus sur la Sablière. Ce qui vient de contraindre Ali Bongo à cesser tout bras de fer qui ne lui était guère favorable. Malade, affaibli physiquement et surtout moralement qu’il est par la privation de liberté de son épouse et de son fils.

 Obligé donc d’en appeler à la « réconciliation nationale », tout en annonçant son retrait de la vie politique et son « renoncement définitif à toute ambition nationale », ajoutant qu’il en serait désormais de même de son épouse Sylvia et son fils Noureddin.

 Contrairement à d’autres qui avaient fait un long ou un bout de chemin avec lui dans l’exercice du pouvoir depuis le long règne d’Omar Bongo Ondimba, lesquels sont subitement amnésiques ce passé, il reconnait lui les errements, les carences, les faiblesses et les lacunes de ce passé et les assume pleinement « tant sur le plan social que s’agissant des institutions ».

 Après ce mea-culpa, que d’autres n’ont pas eu le courage de faire, il  plaide pour le renoncement à la « vengeance » et souhaite que l’on entame l’écriture d’une nouvelle histoire du Gabon, avec « harmonie et humanité »,  tout en jurant  de « ne jamais constituer, pour le Gabon, un risque de menace de troubles et de déstabilisation dans ce moment de reconstruction ».

Ali Bongo Ondimba s’en est donc allé, aux redresseurs de torts d’hier de prendre le relais, pour la construction d’un « Gabon nouveau ».

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