C’est très remonté que le Président de la Transition, Président de la République, chef de l’Etat, a reçu un certain nombre de cadres de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon. C’était le jeudi 12 septembre, au Palais présidentiel du bord de mer de Libreville.
Occasion choisie par Brice Clotaire Oligui Nguema pour leur remonter les bretelles et leur dire tout le mal qu’il pense d’eux, au regard des désagréments et des dommages subis ces derniers temps par de nombreux foyers gabonais, en raison des dysfonctionnements, carences et faiblesses de cette société qui détient le monopole de la production et de la distribution de l’électricité et de l’eau dans le pays.
Le locataire actuel du Palais présidentiel du bord de mer de Libreville n’est pas allé avec le dos de la cuiller pour dénoncer les pratiques peu orthodoxes pratiquées en son sein et qui plombent son bon fonctionnement : corruption généralisée, détournements massifs des recettes, création de multiples entreprises de prestations de services parallèles par les cadres même de la Société. Une véritable vache laitière pour certains de ces cadres. De grosses pointures de la haute finance gabonaise sont citées dans ces réseaux sophistiqués de détournements massifs de fonds, lesquelles s’abreuvaient eux-aussi aux mamelles de cette vache laitière.
Rappelons qu’au départ société d’Etat, la SEEG a été privatisée en 1997. Ainsi l’ont imposé les institutions chantres du libéralisme économique de Bretton Wood. Une privatisation qui n’a eu lieu selon les règles de l’art. Le trafic d’influence, les pots vin, les dessous de table et par conséquent l’opacité l’ayant emporté sur la transparence. Ceux qui avaient géré le dossier ayant jeté leur dévolu sur la multinationale Veolia (du groupe Vivendi) au détriment du groupe Suez qui ; selon des sources très proches dudit dossier, l’avait emporté. A quel prix, en d’autres termes, en contrepartie de quoi ? Là gît le lièvre.
Quoiqu’il en soit, la suite est bien connue. Tout ce que sur quoi les deux parties, le concessionnaire (Veolia) et le concédant (Etat gabonais), s’étaient accordé n’a guère été réalisé. Les deux devaient finance, pendant au moins une décennie, de lourds investissements dans les infrastructures de la capitale gabonaise, lesquels se chiffraient à des centaines de milliards de Francs CFA, l’entreprise française s’engageant en même temps à offrir un service de l’eau et d’électricité de qualité et à un prix modéré ; Il n’en sera rien au bout de vingt (20) ans.
Au bout du compte, la concession fut unilatéralement résiliée et l’Etat gabonais fut obligée de versée cinquante milliards de Francs CFA, à Veolia, suite à une menace de saisine des instances arbitrales de Paris, ce en toute opacité.
Puis s’est accentuée la descente aux enfers de la SEEG, jusqu’à ce qu’elle se retrouve aujourd’hui au bord du précipice. Et l’Etat gabonais ne saint plus à quel saint se vouer. En recevant dernièrement ses cadres, de sources dignes de foi et très proches de ce dossier, le Président de la Transition s’est bien gardée de les informer que dans bientôt, c’est le groupe Suez auquel l’on avait refusé la concession en 1997, après avoir remporté l’appel d’offre qui viendra au chevet de la SEEG. Il s’agira, selon les mêmes sources d’une assistance technique qui coûtera la coquette somme de quatre-dix (90) milliards de Francs CFA pendant trois (3) ans, soit la bagatelle de trente (30) milliards de francs CFA par an. Les Turcs également sont en négociation.
Comme quoi, les Gabonais ont encore des jours sans électricité et des nuits dans l’obscurité devant eux.