Transition : c’est maintenant qu’ont lieu les vrais débats au Gabon

L’annonce de la chute du régime des Bongo, déposé par un « Comité pour la Transition et la Restauration des institutions » a été un électrochoc pour une écrasante majorité de Gabonais qui n’en croyaient pas à leurs oreilles et à leurs yeux. Sortant progressivement de leur grande surprise, ils ont déferlé et jubilé dans les rues de Libreville et d’autres centres urbains du pays. Rien  ne pouvait les retenir, même pas Jean Ping qui avait prétendu les avoir retenus sept (7) ans durant, avant de leur demander de « foncer ». Un mot d’ordre qui n’eut aucun écho et par conséquent aucun effet à l’époque. Ce fut la liesse généralisée, l’euphorie totale. Soixante-deux (62) années d’un régime  qui avait fait du pays une propriété familiale, les Gabonais n’en pouvaient plus. Ils étaient à bout. Ils s’étaient même déjà résignés dans un fameux « on va encore faire comment ».

 Raison pour laquelle d’aucuns estiment qu’il s’agissait d’un « coup de la libération » (sic). Un terme inapproprié au regard des forces qui ont perpétré ce coup d’Etat.

Dans la foulée, un Dialogue national inclusif fut annoncé, puis finalement tenu. Les premières déceptions sont venues de là, puisque ce fut finalement un dialogue exclusif, avec des participants soigneusement tris au volet par les auteurs du coup d’Etat eux-mêmes. Ce fut la première couleuvre avalée, avant que n’arrive le « boa », les recommandations dudit dialogue. Cela est allé dans tous les sens, et l’on ne savait plus quels étaient les problèmes à régler. Entre restauration des institutions et règlement des comptes, on se perdait en conjectures et c’est toujours le cas.

Pour restaurer les institutions, il fallait d’abord s’attaquer à la loi fondamentale, la mère de toutes les autres lois, socle à partir duquel sera rebâti le Gabon, après tant d’années d’errements entretenus par un régime politique, redisons-le, familial et presque monarchique, entouré d’une cour de noblesse constituée essentiellement de courtisans, de flagorneurs, d’habiles renards et autres cireurs de pompes.

Cela est donc allé dans tous les sens à l’issue du Dialogue national inclusif-exclusif que le « boa » est toujours difficile à avaler, tellement il est énorme. La nature du système politique proposé, lequel frise l’autocratisme, les dispositions discriminatoires recommandées à inclure dans la nouvelle constitution, lesquelles n’ont rien à envier au système d’apartheid qui a prévalu en Afrique du Sud, telles sont les différentes parties de ce gigantesque « boa «  que les parlementaires de la Transition, siégeant au sein d’une Constituante, sont appelés à dépecer afin de le rendre digeste à la consommation du peuple.

Et là, rentrent en ligne de compte le patriotisme, c’est  à dire l’amour de la Patrie, le sens de l’honneur et l’intérêt supérieur de la Nation. Ces vertus vont-elles prévaloir, lorsqu’on sait les membres des deux chambres du Parlement de Transition n’ont pas été élu, mais nommés par les autorités de ladite Transition ? Il y a de quoi en douter, lorsqu’on sait les conditions dans lesquelles la  loi portant transfert de l’administration et la gestion des processus électoraux a été votée. La majorité des parlementaires de la Transition issus de partis politiques qui se voulaient des opposants  radicaux au régime d’Ali Bongo Ondimba l’ont fait passer telle une lettre à la poste, même sans timbre. Peut-on s’opposer à la volonté de celui qui vous a nommé ? Très peu ont eu ce courage. Le reste n’a été que des « béni oui oui » qui avaient tous avalé leurs langues ou qui avaient la bouche pleine, ils l’ont toujours.

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