Il aurait fallu cinq (5) mois pour que la fumée blanche sorte enfin du siège de L’Ecole nationale d’administration. Un long suspense ! Les candidats qui avaient composé le mois de mai 2024 n’y croyaient plus, tellement l’attente a été longue. Et pendant une telle longue attente, il n’est pas difficile d’imaginer ce qui se passait, à quelle alchimie procédaient les organisateurs.
Ce sont les autorités de la Transition qui ont elles-mêmes les vannes en annonçant l’organisation de deux concours d’admission, l’un à L’Ecole de Préparation aux Carrières administratives et l’autre à L’Ecole Nationale d’Administration.
Restés au chômage tout le temps qu’Ali Bongo Ondimba avait gelé et les concours et l’intégration dans la fonction publique, des milliers de jeunes Gabonais se sont rués dessus telle une ruche attirant les abeilles. Il y a eu de l’engouement. Beaucoup de ces jeunes Gabonais au chômage, quand bien plusieurs d’entre eux avaient le niveau au moins de baccalauréat, se sont bousculés pendant des heures, sous soleil ardent ou sous pluie battante, au portail de l’ENA sis au PK 12 de Libreville, après une constitution de dossiers qui leur a coûté les yeux de la tête. Il y’a même eu des mouvements d’humeur, certains candidats ayant attendu très longtemps sans pouvoir déposer les leurs.
Au bout du compte, ce sont 15000 candidatures qui avaient été retenues pour 470 places disponibles, du moins en ce qui concerne l’EPCA. Ce qui avait amené le Président de la Transition à doubler presque le nombre de places disponibles. Pour ce qui est de l’ENA, 4000 dossiers de candidature avaient été retenus.
Les résultats des deux concours viennent d’être rendus publics par les sites d’information numérique du Ministère de la fonction publique. Au finish, ce sont 900 candidats qui ont été admis à L’EPCA, le nombre d’admis à l’ENA restant énigmatique.
Fallait-il attendre cinq(5) mois pour délibérer et mettre un terme au suspense des jeunes en quête de leur premier emploi, en augmentant leur stress ? Telle est la question que l’on se pose au sein de l’opinion. Du coup, se renforcent les soupçons de fraudes et de magouilles en tous genres du début, lorsque le directeur général de l’EPCA Rodrigue Mikolo Banaka avait jugé opportun de rassurer en déclarant ne « pas avoir peur de la tricherie parce que nous avons en place des mécanismes permettant à ce qu’il ait de la rigueur dans la gestion et la manipulation des copies. Et des personnes qui ont été choisies par Madame la Ministre de la fonction publique, Louise Boukandou, pour animer le Secrétariat sont des personnes assermentées ». Le serment suffit –il seul pour rassurer et pour qu’il n’ait pas de fraudes ? Rien n’est moins sûr.
L’administration gabonaise est pourrie jusqu’à la moelle des os, cela est bien connue. Le piston, les dessous de table, le « Coca », les barbes mouillées, les trafics d’influence, les faveurs au bénéfice des copains, coquins et consanguins sont des pratiques usuelles ayant la dent dure.
Pour ce qui des concours par exemple, il est de notoriété que les listes des heureux admis sont souvent dressées avant même le passage des épreuves, au moment du dépôt des dossiers. Le reste n’étant qu’une simple formalité, un écran de fumée.
Les derniers concours d’admission à l’EPCA et l’ENA n’ont pas échappé à cette logique, sinon l’on n’aurait pas attendu 5 mois avant que les résultats ne soient rendus publics.