La démocratie gabonaise sera désormais d’un genre très particulier. Ce ne seront plus les partis politiques qui l’animeront, mais plutôt des associations. Ces associations essaiment aujourd’hui le territoire national et ont supplantés les partis politiques classiques
Peut-être que dans la nouvelle constitution qui sera soumise à l’approbation du peuple par voie référendaire, on lira : « les associations et groupements associatifs concourent à l’expression du suffrage universel. Ils se forment et exercent leur activité librement, dans le cadre fixé par la loi, selon les principes de la multi-association » et non plus : « les partis et les groupements politiques concourent à l’expression du suffrage universel. Ils se forment et exercent leur activité librement dans le cadre fixé par la loi, selon les principes du multipartisme ».
Les associations, moteur d’une démocratie et non plus les partis politiques, cela ne s’est jamais vu nulle part ailleurs dans les démocraties libérales. Une innovation bien gabonaise. Beaucoup d’autres pays s’en inspireront –ils ? Rien n’est moins sûr.
Ainsi en ont décidé les participants au Dialogue national inclusif-exclusif d’Angondjé en recommandant la suspension de tous les partis politiques, tout en rendant rétroactive la loi qui les régit .Du coup cela a donné libre cours à la création de multiples associations qui germent de terre depuis lors et qui fleurissent le paysage politique du pays.
Les plus en vue ont dénominations : « Ossimane », « Le Renouveau Du Gabon » (LRG). Leur dénominateur commun est un même foyer familial. Ce sont elles qui sillonnent actuellement les nombreux quartiers du Grand Libreville pour recruter des adhérents. Des fiches d’adhésion circulent d’une maison à une autre. L’intérieur du pays n’est pas en reste. De grands meetings sont même tenus, avec transport des populations d’une contrée à une autre, comme si l’on était déjà en pleine campagne électorale. C’est comme au bon vieux temps de PDG dominateur et arrogant. Vous avez dit : « redonner sa dignité à l’homme gabonais » !
Des marches sont même organisées. Et l’on se demande d’où vient tout cet argent dépensé ?
D’autres se manifestent tant au Gabon qu’à l’extérieur du pays et font entendre leur voix dans le concert actuel du monde associatif qui accompagne le CTRI en lui chantant des louanges à la gloire de son chef. Il en est ainsi de l’association « Eveil » qui se déploie actuellement au sein de la diaspora gabonaise en France.
C’est vrai que, selon certaines dispositions de toutes les constitutions ayant été jusqu’à présent en vigueur en République gabonaise, dans chaque préambule : « le droit de former des associations, des partis politiques, des syndicats, des sociétés, des établissements d’intérêt social ainsi que des communautés religieuses est garanti à tous dabs les conditions fixées par la loi… ». Cependant, pour être reconnues légalement les associations, en ce qui les concerne, doivent être apolitiques. C’est ce qu’exige le Ministère de l’intérieur pour leur délivrer un récépissé de reconnaissance légale. Cette condition semble ne plus être de mise ces derniers temps, puisque dans l’arène politique, on ne parle plus que d’associations et non plus de partis politiques.
Dans un pays où les associations agissent en lieu et place des partis politiques et où ne subsiste qu’un Comité militaire pour diriger l’Etat, même pendant une période transitoire, cela risque de ne plus être une démocratie. Et attention à un retour au parti unique d’antan.