Nul n’en parle plus par les temps qui courent, sauf dans certaines circonstances à l’instar de l’allocution à la nation du Président de la Transition, la veille de la commémoration du 64ème anniversaire de l’accession du Gabon à la souveraineté internationale.
La restauration des institutions annoncée par les militaires ayant déposé Ali Bongo Ondimba le 30août 2023 dernier est désormais renvoyée aux calendes grecques. On ne parle plus désormais rien que de grands projets tels : la construction de Libreville II, du port en eaux profondes de Mayumba, du nouvel aéroport international de Libreville, de grands projets agricoles, d’une cité administrative à l’emplacement actuel du Quartier Plaine Orety, d’un nouveau siège de la Caisse de dépôt de de consignation, des voies de contournement du Grand Libreville, des rues et ruelles de quartiers et de bien d’autres projets encore. Ce qui ne peut se faire objectivement à court terme.
Tout est ainsi fait comme si le CTRI se serait installé aux commandes de l’Etat gabonais dans la durée , sans avoir besoin d’organiser des élections qui donneront au peuple souverain la possibilité de transférer le pouvoir qu’il détient aux dirigeants de son choix, en approuvant les offres politiques qui lui seront présentées.
Un CTRI qui semble d’ailleurs avoir mis sous l’éteignoir le gouvernement de transition dirigé par Raymond Ndong Sima. Tous les chantiers sont ouverts ou inaugurés le sont en son nom. Même les dons faits par ci et par là par les nouveaux et anciens acteurs politiques, comme par le passé, le sont également. Et pourtant, toutes les Constitutions adoptées depuis 1991 reconnaissent au gouvernement la mission de « conduire la politique de la nation sous l’autorité du Président de la République et en concertation avec lui ». Disposant à cet effet de l’administration et des forces de défense et de sécurité, seul ce gouvernement, précisent ces constitutions adoptées jusqu’alors : « est responsable devant le Président de la République et l’Assemblée nationale … ».
C’est vrai qu’à situation exceptionnelle, rôles et missions exceptionnelles. Cependant, à quoi cela a-t-il servi de constituer un gouvernement de Transition si tel était que le CTRI devait agir à sa place ? A quoi servent alors Raymond Ndong Sima et son équipe ? Quel bilan tirera-on de leur action après la Transition, si le CTRI devait tout mettre à son crédit ?
Revenons à la restauration des institutions. Un an après le coup d’Etat militaire, nul ne sait plus où en est-on avec cette restauration des institutions censée mettre un terme à un système politique présidentialiste qui concentrait tous les pouvoirs, politiques, économiques et financiers dans les mains des membres d’une seule famille, au point d’avoir fait du Gabon une monarchie qui ne disait pas son nom. La nouvelle Constitution qui doit planter le décor d’une nouvelle république demeure un texte ésotérique dont seuls les initiés connaissent le contenu. Raison pour laquelle ils font déjà campagne pour le « oui », cependant que la majorité des Gabonais attendent de savoir de quoi cela va retourner.
Surtout que les recommandations du Dialogue national inclusif- exclusif d’Angondjé ont semé le doute dans leurs esprits. Peut- être que c’est pour cela que la date du référendum d’adoption de cette nouvelle Constitution est toujours inconnue. De ce référendum découlera pourtant la mise en place de toutes les institutions républicaines d’un Etat de droit démocratique.
Telle est d’ailleurs la justification du coup d’Etat militaire du 30 août 2023 et le leitmotiv de ceux qui l’ont perpétré. Et voilà pourquoi la majorité du peuple gabonais l’a approuvé.