Projet d’une nouvelle Constitution de la République gabonaise : comme d’un texte ésotérique

Le texte de la nouvelle constitution de la République gabonaise devient une arlésienne. Tout le monde en parle sans l’avoir vu et encore moins lu. Et cela relève finalement de l’ésotérisme, à l’exemple d’une lettre contenant un fragment inconnu de l’Evangile de Marc que le Pr Morton Smith  de l’Université de Columbia découvrit dans un monastère proche de Jérusalem. La lettre fut adressée par l’évêque Clément d’Alexandrie à son disciple  Théodore à la suite d’un différend survenu entre celui-ci et la secte gnostique des Carpocratiens. Le différend portait sur  l’interprétation que cette secte gnostique faisait de ce fragment de l’évangile de Marc, lequel faisait implicitement allusion à la vie maritale de Jésus-Christ.

 Dans sa lettre, l’évêque Clément conseilla à son disciple de ne jamais concéder aux Carpocratiens que ce texte était l’œuvre  de Marc, car avait-il précisé : « Toutes les choses vraies ne sont pas bonnes à dire à tous les hommes »

Revenons au texte constitutionnel en cours d’élaboration et dont le contenu demeure un secret. Si un jour, un curieux tombe sur ce qu’aurait été sa version originale, il risque certainement de découvrir des choses qui n’étaient pas bonnes à dire à tous les hommes. Le Dialogue national inclusif- exclusif avait planté le décor en préconisant des pilules difficiles à avaler. L’opinion s’en est offusquée. A la place d’une constituante, un Comité national constitutionnel a été mis en place, lequel semble-t-il a produit un texte dont seuls les initiés connaissent le contenu. Raison pour laquelle ils disent de voter prématurément pour le « OUI » sans en connaitre les tenants et les aboutissants. Des parlements et des membres du gouvernement de la Transition sillonnent déjà et toute honte bue le pays et battre campagne. Les représentants du pouvoir déchu d’Ali Bongo Ondimba se seraient ainsi comportés que l’on crierait aujourd’hui au scandale, au coup de force et tutti quanta

 Pour sortir le Gabon de la crise politique dans laquelle il est englué depuis plus de trente ans, l’on avait naïvement cru que le plus important était de faire le choix d’un nouveau système politique à la place du présidentialiste qui a fait beaucoup de tort au pays en concentrant tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme, avec une dérive monarchique anachronique ; et qu’ une séparation effective des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif s’imposait désormais.

 Contre toutes ces attentes, on s’est écarté de ces nobles objectifs en allant chercher des poux sur les crânes rasés de citoyens Gabonais nés d’un parent d’origine étrangère et des binationaux, pour en faire des Gabonais de seconde zone. Un système d’apartheid qui ne dit pas son nom, lequel  priverait des membres de nombreuses familles gabonaises de leurs droits civiques. C’est à cela que les uns et les autres disent de dire « OUI ». Une manière de demander à ces milliers de Gabonais de se faire hara-kiri.

 Le même système d’apartheid ordonnerait la chasse à plusieurs collaborateurs du régime déchu en ciblant quelques- uns, tout en épargnant ceux-là qui ont été ses principaux artisans près de cinquante ans durant, au nom d’un « coup de libération » qui a ramené au pouvoir ces reliques de l’ordre ancien.

On ne peut vouloir construire et détruire en même temps en demandant aux bénéficiaires du nouvel habitat de fermer les yeux en attendant d’être logés.

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