Mettre un terme à la Transition en cours au GABON : une équation complexe à plusieurs inconnues.

La complexité du fait politique gabonais est telle qu’il y a une équation à plusieurs inconnues. La fin de la Transition en cours dans le pays dépend de la résolution de ladite équation. Et ce n’est guère chose facile. D’aucuns voudraient passer par des raccourcis pour y arriver, et la suite risque encore d’être plus complexe. Un de ces raccourcis consiste à prôner déjà le « OUI » au référendum annoncé sans même avoir pris connaissance du contenu de la nouvelle constitution pour laquelle les citoyens Gabonais seront appelés à se prononcer. Ceux qui le font se comportent tels des aigles affamés ; Ils ne se soucient rien que de leurs ventres en faisant fi de véritables enjeux qui ont amené les militaires à s’emparer du pouvoir le 30 août 2023 dernier.

Depuis plus de trente ans, le Gabon est presque bloqué. Une famille en avait fait une monarchie, en dépit de la restauration de la démocratie multipartite dans le pays lors de la Conférence nationale, non souveraine, de mars- avril 1990. Des élections y sont organisées, dont le présidentielles, sans ouvrir toute possibilité d’alternance au sommet de l’Etat, parce que des membres de cette famille s’y sont installés, protégés par une armée prétorienne qui n’hésitait pas, avant le 30 août 2023, de mater dans le sang toute velléité de contestation des résultats tronqués  desdites élections. Et cela a toujours été  le cycle infernal : élection- contestation des résultats- répression aveugle ; Les Gabonais n’en pouvaient plis et s’étaient déjà résignés dans le fameux « on va encore faire comment ! ».

Pour pérenniser cette monarchie de fait, il y avait une Loi fondamentale, la constitution de la République gabonaise en vigueur jusqu’au 30 août 2023. Elle imposait une élection du Président de la République après un seul tour de scrutin et permettait à celui qui occupait déjà le fauteuil de chef de l’Etat à se porter candidat autant de fois qu’il le souhaite.

Du coup, d’une part quiconque pouvait être élu Président de la République gabonaise avec une minorité de voix, l’essentiel étant qu’il soit en tête au premier tour de scrutin, d’autre part, cela participation d’une monarchisation de la vie politique du pays, dans la mesure où le chef de l’Etat devenait presque qu’un monarque.

La constitution est donc l’un des pans de l’équation complexe à résoudre. On ne peut le faire à l’emporte- pièce, dans la précipitation, uniquement pour assouvir les mesquines et égoïstes ambitions de quelques Gabonais qui se comportent aujourd’hui tel un renard face au corbeau, de la célèbre fable de la Fontaine. Des gens sans morale et sans scrupules, ces éternels laudateurs de la Républiques qui avaient déjà joué le même rôle du temps d’Omar Bongo Ondimba, puis d’Ali Bongo Ondimba.

 Eux sont nés avant la honte et n’ont que faire de qu’en dirait-on. Ce sont eux qui prennent aujourd’hui les Gabonais pour des moutons de Panurge en leur demandant de dire « OUI » à un projet constitutionnel dont ils ignorent encore tout du Contenu.

 Ils auraient même adopté la même attitude si c’est le pouvoir déchu qui leur avait leur aurait demandé d’approuver une loi fondamentale allant encore dans le sens d’une plus grande monarchisation de la vie politique du pays. Les mêmes n’avaient –ils pas pris part à la « Grande Concertation Nationale » organisée en 2023, peu de temps avant l’élection présidentielle du 27 août 2023 au cours de laquelle avaient été décousues toutes les dispositions constitutionnelles du Dialogue Politique inclusif et sans tabou d’Angondjé de 2017, dont le retour aux élections politiques à un seul tour de scrutin ? Ali Bongo n’en voulait pas, cela lui faisait peur au regard du désamour qu’il y avait entre une majorité de Gabonais et lui, cela a pourtant été acté à l’issue de cette « Grande Concertation Nationale » et ces flagorneurs, cireurs de pompe professionnels, ceux –là qui se prenaient pour les plus grands stratèges de la République, lorsque le même Ali Bongo n’était encore que Ministre de la défense nationale et qu’il élaborait justement des stratégies pour succéder à son père ; ces laudateurs de la Républiques disions- nous, avaient validé ce recul démocratique. Détecté et repérés, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema doit-il continuer à écouter leurs flatteries et à les prendre en compte ? Ce serait-là une très grave erreur de sa peur ; L’adoption d’une loi fondamentale n’est pas un jeu d’opportunistes sans scrupules.

Avant de mettre un terme à la Transition en cours, il y a intérêt à ce que la nouvelle Constitution de la République gabonaise ne soit pas bâclée e et qu’elle garantisse véritablement l’Etat de droit démocratique. Surtout que des interrogations et des inquiétudes fusent çà et là, et non des moindres. Va-elle vers un régime présidentiel avec un Vice-président de la République élu en même temps que le chef de l’exécutif ? Le Président de la République aura-t-il la prérogative de dissoudre l’Assemblée nationale ou de présider le Conseil national de la magistrature au mépris du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ? Toutes ces interrogations et entre autres taraudent les esprits. Tout comme ces autres interrogations relatives au sort que réservera la nouvelle constitution aux citoyens Gabonais de père ou de mère d’origine étrangère ou encore aux binationaux.

Il y a donc là un certain nombre de « bombes » à retardement qui peuvent exploser si on n’ y prend garde en n’écoutant que ces renards qui appellent déjà à voter « OUI » sans avoir lu une seule ligne de la mouture de la nouvelle Constitution et qui mettent la charrue avant les bœufs. Des apprentis sorciers ne doivent  jouer avec de telles « bombes » qui peuvent emporter et eux et bien d’autres Gabonais

Un autre pan de la même équation complexe est l’organisation des élections politiques dans des conditions transparentes et crédibles se soldant par des résultats acceptés par tous. Les expériences d’un passé encore très récent enseignent que tel n’a jamais été le cas ; D’une crise postélectorale à une autre, le pays a failli plonger dans l’abîme. L’épicentre de toutes ces crises, ré- insistons  là –dessus a toujours été le Ministère de l’intérieur et ses démembrements locaux. Pour éviter cet épicentre, l’organisation et la gestion des scrutins avaient été confiées à des organes relativement indépendants, avec l’implication des partis politiques, les premiers concernés. En revenant là -dessus, n’a-t-on pas de plus en plus rendu l’équation plus complexe ?

Autant d’inconnues donc à trouver avant de mettre un terme à la Transition en se gardant de confondre vitesse et précipitation.

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