Le Ministre de l’intérieur l’avait laissé entendre, il y aurait un lien entre le code électoral voté récemment à la hussarde et le référendum annoncé. Si nul ne sait encore quel sera le contenu de la nouvelle Constitution de la République pour laquelle les Citoyens seraient appelés à se prononcer par un « OUI » ou par un « Non » lors du prochain référendum, on sait néanmoins que le scrutin sera intégralement géré par le Ministère de l’Intérieur, les partis ayant été bannis du champ politique du pays.
Aurait-on tiré des leçons d’un passé peu élogieux au cours duquel ce Ministère de l’Intérieur a été l’épicentre des crises politiques postélectorales vécues depuis 1993 ? Rien n’est moins sûr.
Au contraire, tout est fait comme si l’organisation des élections au Gabon n’aurait été qu’un long fleuve tranquille, guidé dans son cheminement par ledit Ministère de l’Intérieur. Comme s’il n’y avait pas eu plusieurs morts et blessés en 1993, suite à la proclamation des résultats, manu- militari, de la toute première élection présidentielle de l’ère multipartite par un certain Antoine Dépadoue Mboumbou Miyakou.
C’est comme si un autre Ministre de l’Intérieur, Jean François Ndoungou, pour ne pas le nommer, n’avait pas rendu publics, en 2009, des chiffres inversés de l’élection présidentielle de cette année, selon le témoignage d’une barbouze de la FrançAfrique, à l’époque le « Mr Afrique » de Jacques Chirac, un certain Michel De Bonnecorse.
C’est toujours comme si, et encore une fois, un autre Ministre de l’Intérieur, Pacôme Moubelet, n’avait pas été installé dans un char de l‘armée pour venir, à son tour, rendre publics les résultats d’une autre élection présidentielle, lesquels consacraient la victoire d’Ali Bongo Ondimba, après une grotesque manipulation des chiffres de la Province du Haut Ogooué.
Revenons à l’éventuel et non moins possible, lien nocif entre l’actuel Code électoral et le référendum en vue. Selon certaines sources très proches du Ministère de l’Intérieur, la campagne électorale de ce référendum sera animé, non par les partis politiques, mis hors- jeu par le Dialogue national inclusif- exclusif d’Angondjé, mais plutôt par les institutions constitutionnelles et les différentes cours judiciaires. Seront ainsi dans l’arène politique pour faire triompher le « OUI » : les deux chambres du Parlement de Transition, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social et environnemental et toutes les cours judiciaires (Cour d’appel, Cour de Cassation, Cour des comptes)
Si d’aventure ces informations sont avérées – elles peuvent l’être, puisque jusqu’à ce jour le code électoral récemment adopté par le Parlement de Transition et promulgué par le Président de la Transition n’est toujours pas publié par le Journal Officiel), ce sera là un précédent dans le fonctionnement d’une démocratie pluraliste qui proclame dans sa loi fondamentale la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, laquelle démocratie pluraliste voudraient également que « les partis et les groupements politiques concourent à l’expression du suffrage… »
Avouons que ce serait inédit de voir les femmes et les hommes en toges animer des meetings de campagne électorale.