Le torchon brûle au sommet de l’Etat

Pas du tout content de ses ministres, Brice Clotaire Oligui Nguema. Il est tellement en courroux qu’il a été obligé d’extérioriser sa colère à Tchibanga, dans le sud-Ouest du pays, où il était en tournée républicaine. Le militaire qu’il est a presque sorti l’artillerie lourde. Et cela va faire mal dans quelques semaines, vu la nature des « obus » lancés.

 Prenons connaissance de quelques- uns : « Depuis 10 mois vous êtes là, depuis 10mois vous êtes à mes côtés et en 10 mois, vous n’êtes pas capables de me suivre, que faites –vous alors avec moi ? »

Cet « obus » est un cinglant démenti pour tous ceux qui, depuis quelques mois, peignent en rose le bilan de l’équipe gouvernementale de Transition. Si le Président de ladite Transition trouve que ses ministres ne suivent pas, ce qui signifie que les actes posés depuis 10 mois ne vont pas toujours dans le bon sens, qui dirait mieux que lui. Qui sera plus royaliste que le roi lui-même ? Espérons que les laudateurs et autres flagorneurs descendront de leur nuage.

Autre « obus » encore plus meurtrier : « Vous devez vous prononcer et suivre notre position. Parce vous êtes mes ministres et c’est moi qui vous ai nommés. Mais quand on a des points de vue divergents, il faut prendre votre route ».

 Une manière de dire, comme l’avait dit un ancien Ministre français, Jean Pierre Chevènement, pour ne pas le nommer : « un ministre ça ferme sa bouche ou il démissionne ». Ce deuxième « obus » révèle qu’au sein du gouvernement de transition actuel s’expriment des points de vue divergents et nul ne sait sur quelle question fondamentale. Peut-être sur certaines recommandations du Dialogue, puisque, dans la même foulée le Chef de la Transition en a fait lui-même allusion en rappelant que ce dialogue était le sien et nul ne doit trouver à redire.

 La question de fond est maintenant de savoir en direction de qui a été lancé cet « obus » ? Cette question ouvre un large boulevard de spéculations, d’aucuns n’hésitant de penser qu’il y aurait des désaccords profonds entre les deux têtes de l’exécutif de la Transition. La suite le confirmera ou l’infirmera

Prenons un autre « obus » qui ne peut laisser indifférent : « quand on est ensemble, on est ensemble jusqu’au bout ? Quand on est avec un Président, on le suit jusqu’au bout. On ne met pas ses émotions personnelles ». Même si le décodage est difficile à faire, on peut néanmoins dresser le portrait-robot de  la personne visée ici ? Et là aussi, les spéculations vont bon train.

Il y a là deux problèmes, celui de la spontanéité et de l’impréparation des évènements survenus dans le pays le 30 août 2023 dernier. Il est difficile de planifier dans le temps ce qu’on va faire du pouvoir après un coup d’Etat, surtout que celui du Gabon découle d’une course au pouvoir entre Oligui Nguema, ses soutiens et la bande à Noureddine. C’était presque à qui tirerait le premier.

 Du coup, après avoir pris le dessus, on a vu la précipitation avec laquelle le CTRI mis en place par les militaires a dissous toutes les institutions, avant de les remettre en place quelques jours après. C’est presqu’avec la même précipitation qu’a été constitué le gouvernement de la Transition. Les activistes  d’aucuns sans référence, ayant constitué le principal vivier au sein duquel le CTRI a jeté son dévolu. Ce qui pose un autre problème. Dans tous les pays au monde, la politique est faite par des professionnels, c’est-à-dire des hommes et des femmes formés dans des écuries politiques, préparés à gérer la chose publique. Ce qui n’est pas le cas des activistes qui se sont improvisés acteurs politiques à travers les réseaux sociaux.

La conjugaison de ces deux faits devait inévitablement déboucher sur la situation aujourd’hui décriée par le Président de la Transition, Président de la République, chef de l’Etat. Une situation qui ne rassure guère.

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