La Constitution est la loi fondamentale de tout pays. D’elle dépendent tous les autres textes législatifs. Elle en est la référence cardinale. Et lorsque, lors de sa première conférence de presse post Dialogue National Inclusif- Exclusif d’Angondjé, celle du vendredi 28 juin dernier, la Ministre en charge des relations avec les institutions, Madame Murielle Minkoué- Mintsa, informe que Vingt- deux (22) textes législatifs ont été adoptés par les deux chambres du parlement, n’est –on pas en droit de se demander sur quelle base ? Quel est le socle constitutionnel de ces textes ? Dans les deux hémicycles, personne n’a eu le courage de lui poser une telle question.
Plus grave, la Ministre en charge des relations avec les institutions soutient que lorsqu’elle sera adoptée par voie référendaire, on « n’aura pas besoin de partis politique ». Tout un esprit qui rend ces partis politiques responsables de tous les maux dont souffre le Gabon depuis son accession à la souveraineté internationale, cependant que presque de 1964 à 1990, le pays n’avait été dirigé rien que par une même formation politique, le Bloc Démocratique Gabonais (BDG), devenu Parti démocratique Gabonais(PDG) de par la volonté d’un certain Albert Bernard Bongo très adulé ces derniers temps, comme si ce dernier n’était en rien responsable de ces maux
Une question fondamentale se pose donc : peut-on adopter la Constitution d’un pays qui se veut démocratique sans l’implication de ses principaux acteurs politiques que sont les partis ? Il y a lieu, à cet effet, de rappeler à Madame Minkoué que depuis 1991, l’article 6 de toutes les constitutions ayant été en vigueur au Gabon énoncent que : « les partis et les regroupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement, dans le cadre fixé par la loi, selon les principes du multipartisme ».
En perpétrant un coup d’Etat le 30 août 2023, tout en ouvrant une période de Transition aux fins de réformer les institutions de la République, les militaires n’ont pas abrogé la Constitution, même s’ils ont conçu une charte de ladite Transition, laquelle non plus n’interdit les partis politiques. Une simple recommandation d’un Dialogue national inclusif- exclusif ne peut par conséquent exclure les partis de l’arène politique au point où il est permis d’admettre que la loi fondamentale du pays peut être discutée et adoptée sans ces derniers. On ne serait pas là loin de l’autocratisme.
Admettons maintenant qu’il en soit ainsi, est-ce à dire que l’on s’en passerait également des partis politiques au moment des élections, législatives, locales et présidentielles qui mettront un terme à la Transition ? Ne reviendrait –on pas là à une période de parti unique ? Un recul de plus de trente (30) ans !
Faut-il alors croire que le prochain parlement, dans ses deux chambres, ne sera constitué rien que par des associations qui se créent en ce moment et germent de terre tels des champignons ? En sera-t-il de même par les collectivités locales ?
Dans ce match que joue Madame Minkoué, elle semble être toute seule sur le terrain. Elle ne rencontre aucune adversité, même pas des plus concernés, les partis politiques eux-mêmes dont certains responsables se contentent des marocains qu’ils occupent dans les différents organes de la transition.
Sur tout un autre plan, et lorsqu’elle parle du transfert de la gestion des élections au Ministère de l’intérieur, elle s’en justifie en se référant à l’exemple du Sénégal, en oubliant de mentionner que le Président qui était sortant Macky Sall n’était pas candidat à sa propre succession et que depuis Abdou Diouf, qui avait vite reconnu sa défaite en l’an 2000 en appelant au téléphone son challenger de l »époque Abdoulaye Wade, à Mack Sall, l’alternance a souvent eu lieu dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, sans heurts et donc sans une violente crise électorale. Ce qui n’est pas le cas du Gabon où le Ministère de l’Intérieur a toujours été l’épicentre de telles crises, lesquelles ont failli entrainer le pays dans l’abîme. Là aussi , il n’y a pas eu du répondant, les ex-opposants d’hier ayant tous avalé leurs langues.