Il voulait faire dissiper le brouillard qui encombrait le paysage politique français, il l’a rendu encore plus épais, Emmanuel Macron. Son pays se retrouve aujourd’hui sans aucune majorité parlementaire et donc presqu’ingouvernable. Le Rassemblement National RN) qui se comportait déjà comme cette grenouille qui se croyait aussi grosse que le bœuf a été désavoué dans les urnes, la majorité de Français ayant montré leur hostilité à son égard, au regard des valeurs qu’il porte, celles du racisme, de la xénophobie, cde la haine, du repli sur soi.
Contre toute attente c’est plutôt la Gauche républicaine qui tire son épingle du jeu en obtenant une majorité relative. Et Jordan Bardella, ce descendant d’immigré italien qui se voyait déjà à Matignon est aujourd’hui obligé de revoir sa copie en attendant d’autres épreuves, convaincus que sont les dirigeants de son parti que ce n’était qu’une « victoire en différé ».
Pendant des mois on ne parlait plus du RN qu’en termes de « normalisation ». On le disait avoir opéré une mue qui en faisait désormais un parti normal, débarrassé de ses oripeaux fascisants. Entre les deux tours des élections législatives, tous les observateurs de la vie politique de l’Hexagone ne se sont rendu qu’une vitrine rendue reluisante pour des besoins électoralistes, le fond restant le même. En fouillant à l’intérieur, des visages au passé sulfureux sont très vite apparus : des chantres de l’idéologie du 3ème Reich, des preneurs d’otages et autres personnes peu recommandables et peu fréquentables. Cela a fortement pesé sur les résultats de deuxième tour de scrutin, parce qu’à beau chasser le naturel, il revient toujours au galop. Ce naturel a vite rattrapé les adeptes du parti de la famille Lepen. On a même parlé de « dédiabolisation », bien malheureusement, le diable est revenu entre les deux tours du scrutin.
Il est d’ailleurs satisfaisant qu’il en soit ainsi pour les Africains résidant en France pour des raisons diverses, avec cette affaire de binationaux, de droit du sol qui les menaçait, de migration.
Reste maintenant à gouverner la France. L’équation est on ne peut plus complexe. Le « macronisme » qui s’était fixé l’objectif d’effacer les frontières Droite- Gauche est en voie d’extinction. Le Parti qui l’incarne, Renaissance ne mobilise plus et n’offre plus une bonne recette. Les Français s’en sont rendu compte au bout de sept (7) années seulement et l’ont mis en minorité. Tout en étant incompatibles avec les thèses du RN, le macronisme s’en accommodait bien, dans la mesure où elles lui permettaient de marginaliser à sa gauche et à sa droite, avec l’ambition de constituer un bloc central fort. Ce projet vient de voler en éclat. Si la droite traditionnelle est de ce fait devenue riquiqui, la Gauche elle, toutes tendances confondues, vient de rebondir.
Seulement voilà, toute la question est maintenant de savoir si toutes ces tendances peuvent gouverner ensemble ? Ce n’est pas gagné d’avance tant se retrouvent dans le Nouveau Front populaire : des sociaux-démocrates, des sociaux- libéraux, des Ecologistes, des Communistes révisionnistes et des partisans de la rupture avec le capitalisme. Jean Luc Mélenchon incarne ce dernier courant, raison pour laquelle il est craint aussi bien à droite, au centre, qu’à gauche même de l’échiquier politique français. S’en prendre aux inégalités et aux injustices sociales engendrées par le capitalisme est considéré comme une hérésie en France.
Avec les résultats des élections législatives, et au regard du score de la France Insoumise qui apparait aujourd’hui comme le plus grand parti de Gauche, il va falloir faire avec ou sans Jean Luc Mélenchon, trouver des compromis à gauche pour gouverner ensemble, y compris avec quelques-uns que le macronisme avait aspiré, venant de cette gauche.