Rachat d’Assala : Omerta opacité et odeur de corruption

Tout le monde, ou presque, a salué l’annonce du rachat des actifs de  la société Assala par l’Etat gabonais. Cela relevait de la souveraineté économique du pays, pensait-on. Un acte patriotique qui dévoilait les intentions du CTRI à bâtir une économie nationale forte, débarrassée de la tutelle extérieure. Une manière de se doter d’une industrie nationale autonome et compétitive.

 Restait la concrétisation de l’acte, ce dans la plus grande transparence. Les contrats pétroliers, c’est ce qui a été le plus opaque dans la gouvernance du régime déchu, celui de Bongo fils et père. Ils s’en sont engraissés au détriment d’une large majorité de Gabonais. Elf-Gabon, par exemple, fut un Etat dans un Etat qui n’alimentait et n’arrosait en pétrodollars rien que l’ex-famille présidentielle. Seuls les Bongo et leurs affidés, devenus opposants radicaux (sic), en engrangeaient les dividendes.

Ex- Tollow-Oil, Assala dont la production n’est pas loin cinquante mille (50.000) barils par jour était convoité par d’autres exploitants d’hydrocarbures du bassin côtier gabonais. A l’époque ce fut une des rentes du domaine pétrolier qui alimentait les comptes bancaires l’ex-famille régnante et de son homme de main Dossou Aworet. Il en est de même de la société « Carlyle » dont nul  ne sait jusqu’aujourd’hui qui était derrière. Probablement les mêmes.

Avec le nouveau régime incarné aujourd’hui par les militaires, dont tout le monde vante la rigueur dans tous les domaines, il n’est pas naïf de se convaincre qu’une telle opacité ne survivra pas au vent de changement qui souffle dans le pays, même si l’actualité brûlante relative à la gestion des finances publique laisse dubitatif.

Il y a quelques mois disions-nous, l’Etat gabonais avait annoncé le rachat des actifs pétroliers d’Assala par l’entremise de Gabon –Oil Compagnie qui gère ses intérêts  dans le domaine pétrolier. Coût à débourser : Huit- cent (800) milliards de Francs CFA. Un bon pactole à trouver.  En faisant cette annonce, l’on avait immédiatement cru que l’Etat lui-même disposait de ressources financières propres et suffisantes pour mener à bout une telle transaction.

 Curieusement, lors des passages du Premier ministre de Transition et de son ministre de l’économie et des participations devant le Parlement de Transition en décembre 2023, personne n’en a dit mot. Ce qui laissait supposer qu’il s’agit  d’une dépense hors budget, puisqu’elle ne figurait pas dans la loi de finance présentée et adoptée.

Jusqu’ au 24 juin dernier, les conditions de ce rachat restaient  secrètes. Aucun des contractants n’en disaient mot toujours mot quand, ce jour-là, le quotidien  l’union » révélait que « la République gabonaise est ravie d’annoncer la finalisation de l’acquisition par la GOC de la société pétrolière Assala Energy Holdings », sans autres précisions, sauf celle-ci « Précisons enfin que l’acquisition d’Assala se fait intégralement avec des capitaux privés, sans faire appel au budget de l’Etat ».

Quels sont ces capitaux privés ? Quelle est la convention qui lie l’Etat à ces privés ? S’il s’agit d’un emprunt, le Parlement de transition en a-t-il été informé ? Là gît le lièvre. Et voilà qui suscite des soupçons de corruption.

Des sources très proches du milieu pétrolier, et donc assez bien informées, révèlent que derrière toutes ces transactions entourées d’opacité se trouverait le « Groupe Gunvor », de très mauvaise réputation dans ce milieu. Il s’agit, ajoute-on, d’un groupe dirigé par un ressortissant russo- finlandais du nom éponyme qui avait déjà eu maille à partir avec la justice équatorienne en Amérique centrale où il avait corrompu un fonctionnaire pour ce même type de transaction. Le groupe avait plaidé coupable, puis condamné à payer 661 millions de dollars (à peu près 400 milliards de Francs CFA). Les mêmes sources indiquent par conséquent que c’est ce même groupe qui serait derrière le rachat d’Assala, en contrepartie de l’hypothèque de plusieurs barils de pétrole. Qui corrompt en Equateur peut aussi très bien corrompre au Gabon, les deux pays ne sont-ils pas traversés par l’équateur ?

 

 D’où l’opacité  qui entoure cette affaire. Et voilà qui justifie les soupçons de corruption dans cette opération où la transparence ne semble pas être la règle d’or.

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