Raymond Ndong Sima face à la presse : la complexité de l’exercice

On lui a manifestement fait porter le manteau d’un hiver qu’il n’a pas connu Raymond Ndong Sima, le Premier ministre de la Transition. Il s’agissait pour lui de faire le bilan, à mi-parcours, des réformes découlant du Dialogue National Inclusif-Exclusif d’Angondjé. Un exercice auquel il s’est adonné avec beaucoup de difficultés, obligé qu’il était de survoler ou alors d’esquiver certaines questions posées par les journalistes. L’exercice était d’autant plus complexe pour lui qu’il n’a pas pris part à ces assises, tout en étant le Premier ministre de la Transition. Ce qui veut dire  son esprit n’y est pas.

 Il a tout de même révélé qu’au stade actuel du travail gouvernemental, deux-mille- cent(2100) actions à mener ont déjà été identifiées, dont et entres autres : 47 lois constitutionnelles ; 159 décrets ; 15 lois organiques ; 230 lois ordinaires et 77 arrêtés. A ces textes législatifs s’ajoutent 7 circulaires ; 31 réformes (sic) ; 64 audits ; 14 contrats de partenariat ; 23 marchés publics (resic) ; 34 travaux publics et 1419 actions dont des campagnes de sensibilisation.

Il aurait été plus facile pour le Premier ministre de la Transition de faire le bilan des réformes constitutionnelles ainsi que celles relatives au code électoral et ne s’en tenir qu’à cela. Le futur Président de la République sera –il élu au suffrage universel direct, pour un mandat de combien d’années, renouvelable combien de fois ? Pourrait-il dissoudre le Parlement, lequel serait lui-même composé de combien de chambres ? Continuerait-il à présider le Conseil supérieur et procéder à la nomination de hauts magistrats ? Serait-il secondé par un Vice –Président de la république élu en même temps que lui ou alors nommé par lui ? Y’ aurait-il un Premier ministre, Chef du gouvernement ? En termes de restauration des institutions de de consolidation de l’Etat de droit démocratiques, voilà autant de questions fondamentales auxquelles les Gabonais attendent des réponses concrètes.

 Toujours en ce qui concerne cette restauration des institutions, on aurait pu en savoir plus sur la Cour Constitutionnelle. Continuerait-elle d’exister, avec quels rôles et missions et quelle configuration, ou alors il serait désormais question d’un Conseil constitutionnel ? Quid du Conseil économique, social et environnemental, du Conseil National de la Démocratie, de la Haute Autorité de la communication ?

 Le chantier est bien vaste et mérite que l’on s’attèle pour le moment au plus essentiel, au lieu d’aborder et de chercher à résoudre des problèmes qui vont au-delà de la restauration des institutions

Sur le plan électoral, il aurait été plus facile pour le Premier ministre de la Transition d’exposer sur les dispositions futures de la loi électorale, en expliquant pourquoi la gestion des scrutins revient désormais, et de nouveau, au Ministère de l’intérieur et ses démembrements locaux, ce d’autant plus le ministre en charge de ce département ministériel s’embrouille et se fourvoie à ce propos, donnant l’impression qu’il y aurait un agenda caché ?

Si le Dialogue National Inclusif- Exclusif n’avait été consacré rien qu’à ces questions essentielles qui ont fait couler de l’encre, de la salive et aussi du sang au Gabon depuis plus de trois décennies, Raymond Ndong Sima aurait été plus à l’aise face aux médias. On comprend alors son embarras à se prononcer sur d’autres aspects abordés par ledit dialogue : la question de la suspension des partis politiques ; celle de l’interdiction à faire à certains citoyens de se porter candidats à certaines élections politiques ; celle de l’inéligibilité  d’autres citoyens pour avoir appartenu à l’ex-parti unique, celle de la binationalité etc. Quand on ajoute le sort des minorités ethniques, des personnes souffrant du handicap, les questions de l’environnement, de l’éducation et de la formation, de la santé et de la protection sociale, du chômage et de l’emploi, des routes et autres équipements sociaux, il y a là tout un océan d’actions à mener qui déborde le cadre d’une transition censée durer un an.

 

Pour exprimer son embarras par rapport à tout ce qui parait superflu dans toutes les recommandations du Dialogue National inclusif- exclusif, le premier ministre de la transition a lâché cette phrase : «… nous n’avons pas été chargés de l’examen de l’opportunité de la chose. Nous sommes là  pour la mise en œuvre », avant d’être plus explicite « Il ne s’agit pour nous de juger du bien- fondé ». Cela en dit long.

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