Les prometteurs immobiliers privés font main basse sur le Gabon

Depuis quelques mois, une spéculation foncière de grande envergure a lieu au Gabon. Sous couvert de la « restauration des institutions », et au nom de la « Transition », des lobbies privés s’emparent de grands espaces fonciers et envisagent d’y investir au nom de l’ « utilité publique ». Une notion dont le Gabon est l’un des rares pays au monde à s’en servir. Et qui dit utilité publique dit expropriation des populations par l’Etat.

Tel est le cas, par les temps qui courent, des populations du quartier « Plaine Orety » de Libreville où cet Etat, dit-on, entend construire une cité  administrative pour pouvoir loger ses différents ministères qui squattent des immeubles appartenant à des privés, ce qui obère lourdement les finances publiques. Un argument qui se tient, s’il n’y avait derrière l’expression boulimique et l’appétit financier gargantuesque de quelques prometteurs immobiliers du pays, les mêmes que l’on retrouve dans de la nébuleuse et tentaculaire « Delta –synergie ».

Ces derniers ont les yeux braqués, tout en se léchant les babines, sur la vallée Sainte Marie avec extension à Plaine 0rety depuis des années, attendant la moindre occasion propice pour se jeter dessus tels des charognards.

 Ali Bongo Ondimba leur avait fait miroiter une telle occasion, toujours dans l’intention de construire des immeubles administratifs. Le deal conclu à l’époque fut effectivement de raser toute la zone allant de cette vallée Sainte Marie à Plaine Orety, avec l’engagement pris par des investisseurs privés, dont Henri Claude Oyima était la tête de file-il l’est toujours-, de construire à Plaine Orety, pour ne parler que de ce quartier, 18 bâtiments administratifs qui compléteront les deux existants, ceux d’Arambo et des Eaux et Forêts. Ce qui ferait en tout et pour tout une vingtaine de bâtiments destinés à loger différents ministères. Selon la proposition faite à l’époque, ces bâtiments dans un premier temps par ces prometteurs privés, devant être rétrocédés à l’Etat au bout de trente (30) ans. Apparemment, le deal n’a pas prospéré sous le règne d’Ali Ondimba.

Avec l’avènement du CTRI, les mêmes prometteurs immobiliers privés sont revenus à la charge. Et voilà des familles entières habitant Plaine Orety menacées d’être déguerpies tels des malpropres. D’aucuns  se disent étonnés de l’empressement avec lequel le Gouvernement de transition veut faire exécuter ce projet, alors que selon les propres aveux du ministre de l’Economie et des participations, interrogé par les parlementaires sur le retard des paiements des bourses des étudiants, « l’Etat traverse des tensions de trésorerie au niveau des services compétents du trésor public ». Une manière pudique et élégante de dire qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat. On se demande alors là où cet Etat va-t-il trouver de l’argent pour non seulement indemniser les populations impactées, mais aussi pour réaliser de tels gros investissements ? Dans les poches des spéculateurs prometteurs immobiliers privés.

 

Les mêmes ont les yeux rivés du côté de la Plaine Ayem où ils ont convaincu le gouvernement de transition à construire une nouvelle cité dénommée « Libreville 2 ». Quel est l’urgence d’un tel projet à l’heure actuelle, au moment où le Pays manque notoirement de routes, d’hôpitaux, d’écoles, de collèges et de lycées et où le chômage des jeunes est endémique ?  Qui va-t-on loger dans cette nouvelle cité, les populations qui croupissent déjà de misère dans les bidonvilles de Libreville2, elles qui ne pourront supporter le coût du loyer dans cette nouvelle ville ? Où va –t-on trouver de l’argent pour mener à terme de tels travaux titanesques ? Autant d’interrogations qui taraudent les esprits et qui font penser aussi à une spéculation foncière d’envergure.

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