Marie Madeleine Mborantsouo rattrapée à Dubaï

On parle de tout et de rien en ce moment au Gabon, sauf de cette femme, gardienne du « Temple » des Bongo, celle qui a présidé pendant trente (34) ans la Cour constitutionnelle, qualifiée de « Tour de Pise » par André Mba Obame. Elle (Marie Madeleine Mborantsouo) a validé tous les coups d’Etat électoraux vécus au Gabon depuis cette date. Son dernier fait d’arme, avant le coup d’Etat militaire du 30 août 2023, a été le rejet pur et simple de la requête de l’opposition à Ali Bongo Ondimba de la disposition instaurant le bulletin unique dans le code électoral gabonais. Une disposition qui voulait que le candidat à l’élection présidentielle use du même bulletin de vote que celui de son parti à l’élection législative dans chaque circonscription électorale, en cas de couplage des scrutins. La stratégie consistait à priver des candidats investis par certains partis politiques de l’opposition, à faible représentativité nationale, de bulletins de vote dans plusieurs circonscriptions  électorales, là où ils n’avaient pas de représentants aux élections législatives. Une stratégie habilement déjouée par l’opposition qui s’est mise derrière une candidature indépendante qui, elle, n’avait pas de prétendants aux sièges de député.

Même si elle se défendait de n’agir qu’en aval, la Cour constitutionnelle présidée par Marie Madeleine Mborantsouo, en tant que juge de la constitutionnalité des lois et de la régularité des élections, savait pertinemment que la plupart des résultats qu’elle avait validés depuis 1993 étaient faux.

 Elle savait par exemple qu’en 1993, le Ministre de l’Intérieur de l’époque, Antoine Dépadoue Mboumbou Miyakou, avait annoncé le candidat Omar Bongo Ondimba vainqueur alors que le dépouillement se poursuivait dans plusieurs centres de vote de Libreville.

 Elle savait, pour prendre cet autre exemple, qu’en 2009, selon les révélations de Mr Michel De bonnecorse, «  ex-Mr Afrique »  de Jacques Chirac, les résultats du scrutin présidentiel de cette année avaient été « inversés » à la faveur du candidat Ali Bongo Ondimba, au détriment d’André Mba Obame.

En 2016, c’est elle qui a validé les résultats du scrutin présidentiel dans le Haut Ogooué avec un taux de participation de 99, 98 0/0, tout en annulant ceux d’une vingtaine de bureaux de vote du  2ème arrondissement de Libreville où le candidat Jean Ping était donné vainqueur.

Tous ces faits ont été à l’origine de graves crises électorales dans le pays. Contestations des résultats électoraux et sanglantes répressions ont rythmé la vie politique gabonaise pendant plus de trois décennies, tout le temps que  Madame Madeleine Mborantsouo est restée au perchoir de la Haute Cour.

 Curieusement, personne n’en a dit mot lors du Dialogue national Inclusif- exclusif qui vient d’avoir lieu. On s’est plutôt acharné sur le PDG, ses cadres et même ses sous-fifres en leur promettant la potence. Mais rien, pas un seul bout de phrase sur Marie Madeleine Mborantsouo qui en est sortie presque blanchie. Elle peut dormir sur ses lauriers sans craindre quoi que ce soit, la dame de fer qui ne fléchissait pas chaque fois qu’elle validait un coup de force électoral.

 Tel n’est pas l’avis des observateurs extérieurs de la vie politique gabonaise. Là- bas, sous d’autres cieux, on sait que ses différentes forfaitures ont eu un coût, la colossale fortune qui est la sienne aujourd’hui. La preuve, une enquête menée dans les Emirats, plus précisément à Dubaï, par une organisation non gouvernementale nord-américaine,  dont les résultats ont été relayés par Me William Bourdon de l’organisation « Sherpa »- spécialisée dans la traque de certains dictateurs africains, leurs complices et « leurs biens mal acquis »- , cette enquête révèle, disions-nous, sur la base des documents cadastraux, que la gardienne du temple des Bongo dispose de plusieurs biens immobiliers dans la capitale d’Abu Dabi, dont quatre (4) somptueuses propriétés au coût  évalué à six cent millions d’Euros, soit plus de quatre (4) milliards de francs CFA.

 Et là, il ne s’agit que de Dubaï .Des enquêtes similaires menées dans d’autres pays, aux Etats-Unis ou en France par exemple, pourront mettre à nu d’autres scandales.

Au Gabon, elle est même une héroïne, puisqu’on a voulu faire d’elle la Présidente honoraire de la Cour Constitutionnelle.


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