Avantages aux militaires

Le Gabon est dirigé depuis le 30 août 2023 par une junte militaire qui a bien voulu associer des civils à l’exercice du pouvoir pendant une période transitoire qui durera le temps que ces militaires le Voudront. Selon les résolutions adoptées à la fin des assises dénommées « Dialogue national Inclusif », tenues au stade de l’Amitié sino- gabonaise d’Angondjé, cette transition est censée durer  deux (ans), avec une option d’un an supplémentaire en « cas de force majeure » dit –on.

 

A la fin de cette période, dirigée par des institutions provisoires, un referendum sera organisé et les électeurs gabonais seront appelés à adopter par vote, et par un oui ou non, la nouvelle loi fondamentale du pays. Puis seront tenues des élections générales, présidentielles, législatives et locales.

Première curiosité, les partis politiques, moteur essentiel de toute démocratie, ont été suspendus. Leur existence est pour le moment en sursis, en attendant qu’une nouvelle loi indiquant les critères de leur création ou de leur survie- pour ceux qui existent déjà-, soit adoptée. Des critères qui, dit-on, vont  être corsés, le souci étant de réduire le nombre exagéré de partis politiques dans le pays.

 

Ainsi donc,  avec ces partis politiques  mis sous l’éteignoir, ne peut- on pas se poser la question de savoir quelles seront les forces qui  animeront, sur le terrain,  la campagne référendaire ?

 

 Apparemment, les militaires semblent avoir trouvé une réponse : les associations créées de toutes pièces ces derniers temps, suscitées par des hauts commis de l’Etat, au même moment où à Angondjé, on mettait l’index sur une « politisation à outrance de l’administration publique ». Il faut « dépolitiser l’administration publique », peut- on lire dans une des mille résolutions adoptées. Elle est ainsi libellée : « doter le Gabon d’une administration publique dépolitisée, professionnelle et performante, au service de tous les citoyens et garante du développement durable du pays ».

 

 Est-ce une manière de donner le  bon exemple pendant la transition, que de voir, à ciel ouvert,  deux directeurs généraux, ceux du budget et des impôts, se déployer sur le terrain, mobiliser des milliers de personnes, au nom d’associations aux contours et objectifs flous, surtout inavoués ?

 On veut bien admettre que lesdites associations sont par définition apolitiques, cependant la ficelle n’est-elle pas un peu trop grosse pour qu’elle ne soit perçue.

 

 Tout ceci ne peut être gratuit.  D’aucuns n’hésitent pas de soutenir que c’est à l’avantage des militaires, et non des acteurs politiques traditionnels.

 

 A ces associations s’ajouteront des activistes et autres influenceurs qui semblent avoir beaucoup plus de crédit aux yeux du CTRI, que les partis politiques constitués, selon lui, de « politiciens et de politicards ». Au cours du Dialogue d’Angondjé, le 3ème en sept (7) ans – puisqu’il y a eu celui de Jean Ping au Noé Palace et celui convoqué par Ali pas très loin de là et presqu’é la même période- ces activistes et influenceurs ont été caressés dans le sens du poil, nourris, logés, véhiculés tout en bénéficiant pendant un mois d’enveloppes garnies. Ils ont fait beaucoup de jaloux dans la nébuleuse politique ainsi que parmi les autres agitateurs des organisations de la société civile.

 

Là encore, d’aucuns soutiennent que l’avantage est aux hommes pour le moment en treillis, lesquels pourront s’en débarrasser, ou pas, le moment venu.

 

Deuxième curiosité et signe de l’avantage politique aux hommes en treillis, l’annonce inattendue et surprenante, depuis Koula Moutou, dans l’Ogooué- Lolo, du retour de la gestion des élections politiques au Ministère de l’Intérieur conformément, dit-on, aux recommandations du Dialogue national Inclusif- Exclusif d’Angondjé, sans même attendre la mise en place de la commission annoncée, celle qui sera chargée de réfléchir sur les conditions d’organisation des élections transparentes au Gabon.

 

Autant de curiosités et de signes qui font croire que les militaires sont certainement en train de ménager leur monture pour aller loin ; et que par conséquent leur retour dans les casernes n’est pas pour demain.

 

 

 Sans les partis, que reste-il du paysage politique national ? Que le CTRI, les associations qui se créent tout autour, puis les activistes et les influenceurs.

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