Tchad : victoire sans surprise de Mahamat Idriss Deby

Il ne pouvait en être autrement, le fils Du maréchal Idriss Deby Itno a remporté haut la main l’élection présidentielle qui vient de mettre un terme à trois ans de transition politique au Tchad. Le résultat était prévisible et la plupart des observateurs politiques de ce pays d’Afrique centrale s’y attendaient, tant ledit pays réunit tous les ingrédients lui donnant un statut spécial dans la sous-région.

Ancienne colonie française, il a été pendant longtemps le théâtre de guerres fratricides le rendant presqu’ingouvernable, avant que le Maréchal Idriss débit Itno ne le stabilise au prix d’une dictature qui ne disaient son nom. Entre populations islamiques du nord et celles animistes du sud, il y avait un mélange d’enjeux de contrôle du pouvoir politique et économique, d’hégémonie religieuse, et d’interférences géostratégiques. Ses puissants voisins du Nord, le Soudan et la Libye y ont souvent été impliqués, ainsi que, et surtout, l’ancienne puissance coloniale, la France.

Avec le pouvoir du géniteur du nouvel homme fort de Ndjamena, cette dernière en avait fait un bouclier contre le péril islamique qui menace tous les pays du Sahel et qui cherche à déferler vers le Sud du continent noir au nom d’Allah, ce qui menace fortement les intérêts économiques, géostratégiques et même culturels de l’Hexagone dans une sous-région considérée par ses dirigeants comme sa chasse gardée.

Raison pour laquelle ces dirigeants français ont réservé un traitement spécial à Mahamat Idriss Deby, lorsque ce dernier a succédé à son père à la tête de l’Etat suite à son assassinat au front de guerre dans le Nord du pays. Avec cette dévolution monarchique qui ne disait son nom, il n’eut point de condamnation de la part de Paris. Emmanuel Macron s’est déplacé personnellement aux fins d’assister aux obsèques du Maréchal-Président. Les accolades et les conciliabules en disaient long. Point de leçons en matière de démocratie tel que cela est le cas au Mali, au Burkina –Faso ou au Niger et point de sanctions.

 La période de transition qui s’en est suivie a été regardée depuis l’Elysée et le Quai d’Orsay avec des yeux bienveillants, quand bien même des droits de l’homme ont été bafoués et la démocratie piétinée. Toute marche organisée par les partis[NM1]  politiques se réclamant de l’opposition et qui tentaient de dénoncer la manière dont était gérée ladite transition ainsi que toute initiative allant dans le même sens venant des organisations de la société civile furent violemment réprimées dans le sang. Les partisans du parti politique « les Transformateurs » de Succès Masra, avant que ce dernier ne devienne un allié de Mahamat Idriss Deby, certainement sur recommandation des pays occidentaux dont la France et les Etats –Unis d’Amérique, en savent quelque chose. Ces puissances occidentales évitant que la déstabilisation et l’instabilité politique du Tchad ne le fassent basculer dans l’escarcelle russe, le pays de Vladimir Poutine étant actuellement en opération de charme et en offensive sur le continent noir par la milice armée du groupe Wagner interposé.

La victoire déjà annoncée de Mahamat Idriss Deby rassure ces pays occidentaux, même si ce dernier a récemment fait des yeux doux au Kremlin. Il n’est pas exclu, dans cette même logique, que Succès Masra négocie le partage du pouvoir.


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