10 mai/ journée mondiale de l’abolition de l’esclavage : in memoriam

Après avoir supplanté la noblesse en venant à bout du mode de production féodale, à bord de vaisseaux et autres navires, la bourgeoisie européenne  naissante a envahi mers et océans à la recherche des richesses à même de rendre florissant le mode de production capitaliste en gestation ; Les explorateurs leur avaient tracé et indiqué les voies. Ce fut le rôle joué par les Savorgnan De Brazza, De Lastours, Bouet Willaumet, Emile Gentil et autres aventuriers qui avaient préalablement l’Afrique après les Portugais

La première richesse qu’ils trouvèrent fut les hommes. Ainsi naquit le mercantilisme esclavagiste ou  Traite négrière ou encore commerce triangulaire. Des millions et des millions d’Africains furent arrachés à leurs foyers pendant plus de deux siècles qu’a duré cet odieux trafic. La durée est certainement plus longue, puisque ce n’est qu’en 1848 que cet esclavage a été aboli. Encore que… On estime que la moitié de ces esclaves noirs périssaient pendant les guerres d’esclavage ; au cours de leur transport ou leur détention pendant la traversée de l’Atlantique.

 Le tri systématique effectué au niveau de  l’échantillonnage prélevé démontre la véritable nature de la barbarie du monde occidentale et de la civilisation judéo-chrétienne, celle qui se veut aujourd’hui chantre des droits de l’homme. La préférence allait d’abord pour le sexe féminin, les femmes étant appelées à procréer et donc à multiplier les forces productives ; ensuite les enfants dont la force de travail demeurait intacte ; enfin les hommes dont la force était déjà réduite par les travaux antérieurs.

On retrouve dans ces procédés inhumains et les plus barbares, les vertus de la civilisation  d’Europe occidentale, celle qui prétend reposer sur l’égalité entre les hommes, la justice sociale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la liberté et  la plus saine morale : redisons-le, la civilisation des « droits de l’homme », quand bien même après  esclavage  des noirs, la même civilisation a colonisé et dominé d’autres peuples et généraux les deux grands conflits meurtriers que le monde entier a vécus.

Revenons sur la traite négrière. L’organisation pratique d’une telle entreprise qui fut la plus prospère, la plus profitable au XVIIIe siècle, s’est faite en fonction d’une vision géographique du Continent Africain, vision ayant permis une meilleure coordination des activités. Les historiens enseignent que les négriers ont opéré une division géographique du Continent noir en deux zones distinctes : d’une part celle de la dépendance Atlantique, de loin la plus dévastatrice par son ampleur, à partir des côtes de St Louis du Sénégal à Quelimarre au Mozambique ; d’autre part celle de la dépendance orientale qui opérait de l’Egypte, de la mer rouge et Zanzibar en direction du Soudan et de l’Afrique Orientale.

Déportés en Amérique et dans les îles des Antilles, dans les plantations de coton et de canne à sucre ainsi dans les mines de métaux précieux, les esclaves noirs, de par leur main d’œuvre servile, et telles des bêtes de somme, ont servi gratuitement, sous fouets et autres formes de brimades, à l’accumulation du capital privé, celui –là qui plus tard financera le capitalisme industriel.

«  Avec une main d’œuvre disponible et servile, une accumulation primitive des richesses, un réseau commercial dense et prospère, les conditions nécessaires pour l’accumulation du capital privé primitif furent réunies », analysent les économistes tels l’Egyptien Samir Amin et l’allemand André  Gunder  Frank, dans leurs ouvrages respectifs et communs : « Développement inégal » , « l’accumulation mondiale » et l’ « accumulation dépendante » ,qui traitent des rapports entre le centre capitaliste mondial  et sa périphérie.

Ainsi donc, pour son développement, le capitalisme a eu pour pilier principal, le commerce dit triangulaire, lequel reposait à son tour sur le trafic des esclaves noirs déportés d’Afrique. Dans ce commerce dit triangulaire, l’Angleterre, la France et l’Amérique coloniale fournissaient les navires et les produits  manufacturiers (poudre, tabac, liqueurs, quincailleries, tissus, armes et toutes  sortes de pacotilles) et l’Afrique « la marchandise humaine ». Les échanges avaient lieu sur les côtes Africaines, puis les Nègres vendus sur les plantations d’Amérique et des Antilles. De l’Amérique, les Négriers récupéraient des métaux précieux (or, argent) et autres produits coloniaux qu’ils ramenaient en métropole.

Procéder à une évaluation objective du nombre d’esclaves noirs passés de l’Afrique à l’Amérique semble être un exercice aléatoire et aucune statistique ne pourrait être précise à ce sujet. Selon certains historiens qui s’y sont penchés sérieusement, ce nombre est de 900.000 au XVI è siècle, 2. 750.000 au XVIIe, 7 millions au XVIIIe et 4 millions au XIX. Ce ne sont là que des estimations.

On est là devant une situation  on ne peut plus dramatique vécue par les Afrique   pendant des siècles, laquelle a généré le sous –développement dans lequel sont englués plusieurs de ses pays.

« La complexité du fait politique en Afrique Noire contemporaine impose que toute tentative d’explication des perturbations que connait aujourd’hui l’Afrique, le Continent noir, se formule d’abord sous l’aspect historique de la traite des Noirs, celle-ci en effet, marque encore profondément l’Afrique Noire à travers les tribulations de ces cinq  derniers siècles de son histoire. Tous les acteurs s’accordent volontiers à reconnaître que la ponction démographique de l’Afrique a pénalisé le  développement de notre continent : énormes pertes en main d’œuvre que les estimations les moins fortes portent de 100 à 150 millions d’Africains exportés vers l’Amérique et l’Orient ». Ecrit le « Cercle Samory », un groupe d’étudiants Africains d’origines diverses, constitué à Poitiers en France, dans les années 80, dans le but de mener des réflexions sur la société africaine d’avant, pendant et après la traite négrière, le colonialisme et le néocolonialisme. Avant de conclure : « ce drame continental se solde aujourd’hui par la misère, la famine, l’acculturation et l’affaiblissement généralisé de toute l’Afrique Noire ».

De quoi donc exiger des réparations et des compensations du grave  préjudice subi. Il fallait d’abord instaurer une journée mémorielle  de l’abolition de l’esclavage, c’est fait. Elle est célébrée tous les 10 mai de l’année. Reste maintenant à reconnaître que cette traite des Noirs aurait été l’un des plus grands génocides social que l’humanité ait connu, le plus grand crime de tous les contre l’humanité et accompagner une telle reconnaissance de réparations et de compensations à la hauteur du crime commis.

 

 Cela est toute une autre paire de manches, tant les noirs ne peuvent être logés dans la même enceinte que les juifs qui ont subi eux –aussi, le même sort lors la guerre de 1938- 1945, Adolf Hitler ayant décidé de les exterminer, en considérant que ce n’était qu’une « vermine ».

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