Une inquisition à tête chercheuse après le Dialogue

Certaines résolutions de la récente grande messe d’Angondjé laissent perplexes, notamment celles relatives à la suspension des partis politiques .Et l’on est en droit de se demander si l’on n’a pas tout simplement cherché à amuser la galerie, tellement clownerie et populisme y font bon ménage. Un mois pour accoucher de telles balivernes, il faut réussir un tel exploit ! Un véritable bouillon indigeste et insipide de contradictions, d’incongruités, d’inepties et d’illogisme offert  au monde entier. Il y a de quoi ne pas en être fier, lorsqu’on est Gabonais. Ailleurs, on doit certainement en rire à gorges déployées.

Prenons quelques-unes de ces résolutions. Il y a par exemple celle-ci : « suspendre le PDG ainsi que ses alliés pour une période de 3 ans avec effet immédiat ». Voyons ! Le Parti Démocratique Gabonais existe officiellement depuis 1968, cela fait cinquante (56) ans. Il a failli sur plusieurs plans, c’est vrai. Peut-on affirmer que cette faillite ne date que de l’année 2016 ? N’est-ce pas là une période très courte pour procéder à une évaluation objective des politiques menées pendant plus de cinq (5) décennies ? Au cours de ce longtemps parcours, il a eu plusieurs alliés, le RNB, le RPG, le PSD, le PDS, le MORENA dans tous ses avatars, l’UPG, le PGP, l’APSG, le CLR, le PGCI,  l’UNPR et consorts, puis des personnalités indépendantes. Pourquoi n’indexer que ses récents alliés ?

En réalité, il s’agit là d’une résolution à tête chercheuse, laquelle épargne volontairement la plupart des ex-cadors de ce parti, ceux-là qui y faisaient la pluie et le beau temps et qui, très habilement, ont fait peau neuve en devenant des opposants radicaux à Ali Bongo Ondimba, lequel certains d’entre eux ont d’ailleurs porté à tours de bras pour qu’il succède à son père en 2009.

On ne peut alors manquer de parler de chasse aux sorcières à tête chercheuse.

Il y a cette autre résolution en totale contradiction avec la première, la voici : « Diligenter des enquêtes contre les anciens et actuels dirigeants du PDG ainsi que les cadres et hauts cadres  militants et poursuivre les responsables le cas échéant ». L’on notera que, cette fois-ci, nul n’est épargné. Il s’agit de mener des enquêtes sur le passé de tous les militants, cadres et hauts cadres de ce parti, ce depuis sa création en 1968 jusqu’ au coup d’Etat militaire d’août 2023. Du beau travail ! Devront donc être épinglés : les Zacharie Myboto, Jean Ping, Jean François Ntoutoume Emane, Paul Malekou, Eugène Revangué,  Jacques Adiahénot, Guy Nzouba Ndama, Hugues Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo, Didjob Divungi Di Ding, Jean Eyeghe  Ndong, Faustin Boukoubi, Dodo Bouguendza, Michel Menga, René Ndemezo’Obiang, pour ne citer que ces figures de proue de l’ex- parti unique. Même les morts auront droit à un procès, à titre posthume. Et ils sont plus nombreux.

Puis encore, il y a cette résolution qui est la suite logique de la deuxième ci-dessus : « Encourager les anciens et actuels dirigeants du PDG de faire preuve d’humilité en demandant pardon au peuple gabonais ». Un conseil qui s’adresse à bien de monde, y compris ces Pdgistes qui sont allés se recycler dans l’opposition en devenant amnésiques de leur passé et qui, sans avoir demandé pardon au peuple gabonais, sont plutôt devenus des donneurs de leçons. Ils se reconnaitront, perchés qu’ils sont aujourd’hui au-dessus de certains organes de la transition.

Enfin, il y a cette surprenante, incompréhensible et même stupide résolution : « Frapper d’inéligibilité les anciens et actuels dirigeants du PDG (Président du Parti, Secrétariat exécutif, bureau politique, comité permanent conseillers du distingué camarade, conseil consultatif des sages et des partis alliés (2016 à 2013) aux prochaines élections ». Là encore il y a la logique d’une inquisition à tête chercheuse. Pourquoi seulement de 2016 à 2023 ? Tout simplement parce que tous ceux qui ont fait allégeance aux militaires et qui se voulaient des opposants radicaux pendant cette période étaient  membres des différents organes du PDG suscités. Ils ne peuvent par conséquent se faire hara kiri. Rappelons que jusqu’en 2009, pour ne parler que du Comité Permanent du bureau politique du PDG, celui qui avait investi Ali Bongo Ondimba comme candidat à l’élection présidentielle anticipée cette année, y figuraient les Jean François Ntoutoume Emane, Paulette Missambo, Séraphin Moudounga, pour ne citer que ces derniers devenus de farouches opposants. Rappelons également que Jean François Ndoungou, l’actuel président de l’Assemblée Nationale de transition était, en 2009, le Ministre de l’Intérieur qui avait annoncé les résultats violemment contestés de ladite élection. Il s’en est suivi mort d’homme.

Ceci explique donc cela.

 

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