Le suicide collectif des partis politiques gabonais

On les croyait combattifs, offensifs, agressifs. On se rend compte aujourd’hui que ce n’était rien que contre le régime d’Ali Bongo Ondimba. Et on les comprend. La plupart d’entre eux étaient des rentiers qui s’engraissaient pendant le long règne du père. L’arrivée du fils à la magistrature suprême les a expropriés. Aigris et revanchards, les voilà qui sont allés se refugiés et se recycler dans une opposition qu’ils voulaient radicale. Une opposition qui ne reposait rien que sur des frustrations, l’aigreur et les règlements de comptes.

 On ne peut  s’en prendre qu’à celui qui vous a ôté le biberon de la bouche !

Il s’agit ici des partis politiques gabonais qui ont décidé de se suicider collectivement au cours du Dialogue national inclusif- exclusif d’Angondjé. Ils y étaient tous, au nombre de 104, reconnus légalement. Plusieurs ont avalé la couleuvre de se faire représenter par des sous-fifres, quand bien même tous leurs statuts indiquent que seuls leurs premiers responsables, présidents, secrétaires généraux, premiers secrétaires, sont autorisés et habiletés de les représenter à l’extérieur. Il leur a été demandé de proposer quatre (4) noms de leurs militants et le au Président du CTRI avait à choisir celui qui lui convenait, c’est ce  qui a été fait.

En pyjama, les pieds dans les pantoufles, et se rongeant les doigts, beaucoup de ces responsables de partis ont suivi les débats devant leurs écrans de télévision. Que pouvaient-ils faire d’autre, eux qui ont décidé de subir dans la docilité. Fini les coups de menton, les effets de manche et les rodomontades de l’époque d’Ali Bongo Ondimba.

A Angondjé, les sous-fifres semblent ne pas avoir eu droit au chapitre. Ils en étaient tellement exclus  que la résolution de suspendre les partis politiques leur a échappé. Du jamais vu, un condamné, presqu’à mort,  juge de son propre procès ! Ce qui prouve bien que ces sous-fifres n’étaient là rien que pour faire de la figuration, histoire de meubler le décor.

 Quelques-uns ont émis des gémissements. Ce n’était qu’en agonisant. Et le suicide a été collectif. On avait cru que les ténors, mis à l’écart du Dialogue inclusif- exclusif, allaient réagir. En vain.

 Au perchoir du Sénat de la transition, Paulette Missambo a laissé l’Union nationale, dont elle est la Présidente, être mise entre parenthèses.

 Premier Vice- président de l’Assemblée nationale, François Ndong Obiang a vu son parti politique REAGIR, celui dont il est lui aussi le Président, être mis sous l’éteignoir. Il ne peut aujourd’hui réagir et encore moins agir.

 Vice- Premier ministre de la Transition, Hugues Alexandre Barro Chambrier, Président du « Rassemblement pour la Modernité » se soucie, par les temps qui courent, rien que très peu, de rassembler les siens, puisque le cadre qui était le leur, « pour la modernité » (sic), est en sursis,  son avenir en pointillés.

 Suspendus également, les Démocrates de Guy Nzouba Ndama ne peuvent plus exister, puisqu’il n’y a pas de démocratie sans partis politiques.

 Garde des sceaux, Ministre de la justice, Paul Marie Gondjout, Président de l’Union nationale initiale, va devoir initier et sceller une autre union avec les Gabonais après la transition. Pour le moment, il a autre chose à faire.

 Que dire des différents cadres de ces partis, tapis à l’ombre des différents organes de la Transition, ainsi que dans la haute administration ? Ces derniers, hargneux à l’époque d’Ali Bongo Ondimba, ne peuvent plus aujourd’hui rien dire, la bouche pleine.

Au nom de leurs propres intérêts supérieurs, tous ont choisi de s’auto-flageller, se faire hara-kiri, les partis politiques dont ils assumaient les plus hautes responsabilités n’ayant été pour eux rien que des tremplins pour rebondir.

Ténors  du parti unique à l’époque du PDG triomphant, ils s’accommodaient mal du pluralisme politique et rêvaient d’une occasion de retour au monolithisme, le CTRI la leur a offerte, tout en leur rétrocédant leurs rentes. Et l’opposition n’est plus pour eux qu’un lointain souvenir.

 

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