Elle est vraiment fidèle à sa réputation de grande muette l’armée gabonaise, comme d’ailleurs toutes les armées du monde. Rien n’y filtre. Et pourtant elle a des ennemis à l’intérieur, ceux- là qui torpillent le CTRI et qui veulent en finir avec, avant même que la Transition n’aille à son terme. L’harmonie n’y est que de façade.
Il y a à cet effet des évènements qui ont paru anodins, mais qui ne sont la manifestation des luttes internes au sein de cette grande muette.
En janvier 2018, à la surprise et à la stupéfaction générales, de très grand matin, la voix d’un jeune officier retentit sur les ondes de Gabon 1ère, l’une des chaines de télévision publique. Les armes crépitent et les Gabonais se réveillent en sursaut, sans savoir ce qui se passait. La voix est celle d’un certain Kelly Ondo Obiang. Des images pas très nettes le montrent devant les micros et les caméras, entouré de quelques soldats, sous- officiers de la Garde Républicaine. Il dit mettre un terme au pouvoir d’Ali Bongo que, selon lui, certains instrumentalisent, cependant qu’ils le savent malade et inapte à pouvoir continuer à présider aux destinées du Gabon. Il appelle le peuple à la rescousse, ainsi que certains acteurs politiques de premier rang.
Bien malheureusement pour lui, personne ne bouge le moindre petit pouce.
La réaction ne s’est pas fait attendre. Tout de suite, des commandos de la Garde Républicaine ont investi les lieux, en quadrillant le moindre millimètre carré. La « Maison Georges Rawiri » fut immédiatement encerclée. Il eut des échanges de coups de feu se soldant par quelques morts parmi les insurgés. Puis Kelly Ondo Obiang et ses frères d’armes furent neutralisés. D’aucuns auraient voulu l’abattre sur le champ de bataille, mais des ordres furent donnés pour qu’il ne soit exécuté, avant qu’il ne livre le et/ou les nom(s) de son et/ ou ses commanditaire(s). Ce qu’il ne semble pas avoir fait. Il continue aujourd’hui à croupir dans les geôles de la Prison Centrale de Gros- Bouquet de Libreville. Aucune mesure de clémence n’est prise sa faveur.
Récemment, en pleine transition, alors que les Gabonais croyaient avoir de telles méthodes derrière eux, des syndicalistes de la SEEG, qui ne réclamaient que leur 13ème mois, ont été arrêtés, rasés tels de vulgaires voyous et jetés dans des cellules sans aucune autre forme de procès. L’opinion fut estomaquée et n’en croyait pas à ses yeux et oreilles. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’ils ont été relaxés. Personne n’a jamais su d’où venaient les ordres.
Dans la même foulée et quelques jours après, c’est un syndicaliste de la CONASYSED qui a été enlevé et séquestré au sortir d’une réunion par des individus inconnus. L’histoire a fait grand bruit. Il n’est réapparu rien qu’au bout de plusieurs heures. Et là encoure, personne ne sait jusqu’à ce jour d’où venaient les ordres.
Selon certaines sources proches des services spéciaux, ceux qui ont orchestré tous ces évènements ont été identifiés et interpellés. Certains seraient aujourd’hui gardés au frais.
A y regarder de près, et des des sources au fait de tous ces dossiers accréditent cette thèse, l’objectif était de rendre le CTRI impopulaire, de le discréditer et de susciter une insurrection qui l’aurait forcé à réprimer violemment, et avec mort d’homme. Une fraction de l’armée aurait alors profité de ce chaos pour s’emparer du pouvoir, se présentant comme le rempart de la paix sociale et de la stabilité politique du pays, lequel cette fraction de l’armée aurait épargné d’une guerre civile.
Les mêmes sources indiquent que tout ceci à un lien avec la radiation des effectifs de l’armée du Général Frédéric Bongo dont Kelly Ondo Obiang était l’un des proches. « Frédéric Bongo avait tissé une véritable maille au sein des services spéciaux lorsqu’il en était le patron. Ce sont ses éléments qui agissent à tous les niveaux pour déstabiliser le CTRI. Nous sommes en train de les neutraliser un à un en les mettant hors d’état de nuire » confie un officier des services spéciaux en voie de restructuration. « La tâche n’est pas facile, d’autant plus qu’il s’agit d’une maille avec plusieurs réseaux qu’on mettrait du temps à démanteler, mais nous y arriverons », ajoute-t-il, en toute assurance.
Il se passe donc bien de choses à l’intérieur de la grande muette.