Pendant sept (7) ans, il disait être le « Président élu » des Gabonais, Jean Ping. Chaque fin d’année, il prononçait son allocution de Chef d’Etat adressée aux Gabonais. Il n’avait pas tort, la vérité des urnes de l’élection présidentielle d’août 2016 en faisait foi et l’avait mis dans cette posture. Il s’est envolé mercredi 24 avril dernier, en direction de Luanda, en Angola, en compagnie du Président de l’Assemblée nationale de Transition, Jean François Ndoungou- qui s’est débarrassé du sang des Gabonais qu’il avait sur les mains et devenu très fréquentable- La mission consiste à aller réchauffer les relations diplomatiques entre ce pays et le Gabon. Relations qui s’étaient beaucoup refroidies depuis le coup d’Etat militaire du 30 août 2023.
C’est à plate couture que Jean Ping, pour ne parler que de ce dernier, avait battu, avec une large majorité, le candidat Ali Bongo Ondimba. Dans les neuf provinces que compte le Gabon, on ne peut sortir vainqueur dans six (6) et être proclamé battu. Le miracle était venu du Haut Ogooué, où les malades internés dans des hôpitaux, les absents du Gabon ce jour-là, et même les personnes décédées, s’étaient tous massivement rendus aux urnes, au point d’atteindre un taux de participation record de 99,98 pour cent. Même le pouvoir des soviets aurait eu intérêt à venir à l’école des Altogovéens, aux fins de réaliser de telles prouesses. Usant du langage diplomatique, souvent très polissé, les membres de la Mission de l’Union européenne avaient parlé « d’anomalie dans le Haut Ogooué ». Tout s’était passé au nez et la barbe des ressortissants de cette province du Gabon qui prétendaient pourtant militer pour une opposition radicale. Ces derniers n’ont rien pu. Ont-ils d’ailleurs tenté de faire quoi que ce soit, puisque la plupart se la coulait douce à Libreville, loin de leurs terres ancestrales où les tenants du pouvoir manipulaient à leur guise les chiffres !
Revenons à Jean Ping, le rapport de forces lui ayant été défavorable, il lui fallait développer d’autres stratégies, peut-être pas pour conquérir le pouvoir que venait de lui arracher Ali Bongo Ondimba, mais pour l’obliger à partager ledit pouvoir en acceptant de le négocier avec celui qui venait d’être proclamé vainqueur à l’issue du scrutin du 27 août 2016, étant donné que sous pressions internes et externes, ce dernier s’en disait disposé et avait ouvert certaines portes. La politique étant jalonnée d’épisodes offensifs et de recul, et aussi de compromis, le tout dépendant du rapport de forces et de circonstances historiques
Conseillé par ceux- là qui l’avaient violemment combattu tout au long de la campagne électorale sous des prétextes divers (homme pressé, touriste politique, cheval de Troie des Fang, complice des Bongo dans les affaires, dont Delta- Synergie), il s’est entêté à camper au bord de sa piscine, en attendant une hypothétique intervention de la communauté internationale.
Quatorze (14) ans se sont écoulés, rien. Ceux-là qui l’aidaient à camper au bord de sa piscine ont commencé à le déserter, certains sur la pointe des pieds, avant de faire allégeance au CTRI. Réaliste à son tour, il n’a pas hésité de les suivre.
Et le voilà devenu émissaire des autorités de la transition. Si l’on était encore à une certaine époque, on parlerait de télégraphiste.