Transition : la vieille classe politique sans voix

Contrairement aux hommes et femmes politiques qui imposent le respect et la reconnaissance, les « politiciens » et les « politicards » sont ces autres acteurs politiques qui passent tout leur temps à orchestrer des coups bas, à jeter des peaux de banane et à faire des crocs- en- jambes aux autres, à tisser des intrigues, à procéder à des mesquins calculs, à user de combines diverses, le tout à des fins personnelles. L’aigreur, l’esprit revanchard, la roublardise sont certaines de leurs marques de fabrique.

 Le paysage politique gabonais foisonne de ces « politiciens » et «  politicards ». Raison pour laquelle ils ont probablement été écartés du Dialogue national en cours, les organisateurs estimant qu’ils n’avaient rien à offrir. Dès la prise du pouvoir par les militaires, ils sont sortis de leur recyclage dans une opposition à Ali Bongo Ondimba et se sont tous couchés et aplatis devant le CTRI, tout en lui faisant allégeance.

Du coup, tout  donne aujourd’hui l’impression qu’ils avaient un seul problème politique à régler, celui du départ d’Ali Bongo de la tête de l’Etat. Des facteurs générateurs des crises politiques dans le pays, ils s’en moquaient .Normal, anciens collaborateurs d’Omar Bongo Ondimba, puis d’Ali Bongo Ondimba, pour certains, ils étaient  du côté du pouvoir lorsqu’ont éclaté celles de 1993, de 2005, de 2009 et pour certains de 2016. Ce qui veut dire qu’ils ont été partie prenante des épisodes répressifs ayant jalonné ces évènements dont le souvenir est resté indélébile dans la mémoire collective des Gabonais.

 Face au CTRI donc, plus de rodomontades, d’effets de manches, de coups de menton. Ils sont tous devenus aphones, certains se contentant des strapontins acquis. Moralité, sans cette voix des partis politiques qui étaient jusqu’au 30 août 2023 offensifs, l’espace  de débat démocratique s’est réduit, et l’on entend plus que les sons émis par les activistes et autres influenceurs qui, eux aussi, ont fait allégeance aux militaires au pouvoir. Des sons généralement en déconnexion avec les réalités gabonaises de ces dernières années.

Des activistes et influenceurs qui occupent désormais l’espace qui devrait être celui de Paulette Missambo, Barro Chambrier, François Ndong Obiang, Guy Nzouba Ndama, Paul Marie Gondjout, Jean Ping, Jean François Ntoutoume Emane, Laurent Angue Mezui, pour ne citer que ces opposants dits radicaux, très en verve lorsqu’Ali Bongo était au pouvoir. Parle-t-on jamais la bouche pleine !

 Leurs partis politiques respectifs et autres coalitions ne sont devenus que des appendices du CTRI. On ne les entend pas sur les réformes institutionnelles et électorales qui planteront un nouveau décor de gouvernance du pays. C’est comme si ils n’avaient aucune idée de ce que devrait être le futur système politique gabonais.

 Des autres chapelles politiques, en réalité des fonds de commerce, n’en parlons plus, elles ont tout simplement disparu des écrans radars. Leurs leaders respectifs ayant été privés de ce qui était jusqu’alors leur tremplin, les grandes messes politiques nationales, ils ont rangé leurs costards des grands jours dans les placards et se rongent aujourd’hui les ongles.

Une situation bien inquiétante pour l’avenir du processus démocratique en cours au Gabon depuis  les années 90. Après la transition, un référendum sera organisé. Ce ne sont pas les syndicats, le patronat, les organisations non gouvernementales, les associations de Pygmées et personnes souffrant du handicap, les universitaires et les scolaires, les militaires et le clergé qui seront concernés en premier lieu, mais bel et bien les partis et personnalités politiques.

 Ayant été écartés du dialogue et étant restés bouche bée, ne peut-on pas se demander ce qu’ils diront aux populations pour les amener à voter pour ou contre la nouvelle Constitution ?

 Suite au référendum, seront organisées  des élections générales. Qui en animera les débats de campagne et sur quelle base les électeurs départageront-ils les uns des autres ?

Il y a là des questions qui laissent dubitatif tout observateur de la vie politique gabonaise. Et bien évidemment, les « politiciens » et les « politiciens » s’en moquent, assis qu’ils sont dans un confort douillet, après avoir fait allégeance au CTRI qui le leur rend bien.

 

 


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